Intervention de Dominique Potier

Réunion du 2 avril 2013 à 17h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Cinq cent mille emplois, 12 000 entreprises, le deuxième poste d'excédent commercial de notre économie, un quatrième rang mondial en termes d'exportations : le secteur agroalimentaire vaut la peine qu'un ministre délégué y consacre son énergie et élabore une stratégie pour accompagner le marché, l'adapter au temps présent et le préparer aux défis futurs. Les députés du groupe socialiste sont donc fiers de la création de ce département ministériel, mais aussi du travail que vous avez accompli, notamment pendant la crise de confiance que nous avons connue en février.

Non seulement 10 000 emplois restent à pourvoir dans ce secteur d'activité, mais chaque milliard d'euros de chiffre d'affaires gagné à l'export peut générer 10 000 emplois supplémentaires. Il s'agit donc d'un des plus importants leviers de redressement productif.

C'est aussi un levier en matière d'aménagement du territoire. Une politique agroalimentaire doit accompagner l'ensemble des mille terroirs français et constituer une locomotive pour l'agroécologie que le ministre de l'agriculture entend promouvoir, afin de faire de la France un modèle en ce domaine. Pour avoir une économie solide, un pays se doit d'avoir un pied dans l'économie mondiale – c'est le cas du grand quart nord-est, qui exporte vers tous les points cardinaux – et un autre dans l'écosystème local.

Nous avons par ailleurs conscience que l'agroalimentaire et l'alimentation sont importants dans notre civilisation, fondée sur le lien, le repas pris en commun, la fête, la qualité.

Enfin, nous partageons votre préoccupation au sujet de la santé publique comme facteur d'égalité des chances.

J'en viens à mes questions. Le gouvernement précédent a dépouillé les services vétérinaires de leurs capacités à vérifier la traçabilité des produits. Quels moyens seront mis en oeuvre pour que les fonctionnaires puissent faire preuve de la sévérité requise dans leurs contrôles, compte tenu des enjeux en termes commerciaux et de santé publique ?

Par ailleurs, outre la viande, ne serait-il pas nécessaire de mieux connaître l'origine et le circuit emprunté par d'autres produits que nous trouvons sur nos étals, comme le lait et le miel ?

Quelles mesures comptez-vous mettre en oeuvre dans le cadre de la révision de la loi LME pour retrouver, au sein du secteur agroalimentaire, une chaîne des valeurs plus équilibrée, et pour garantir la dignité des ouvriers de l'industrie alimentaire comme des paysans en leur offrant des conditions de travail et des salaires décents ?

Entre les circuits courts et les circuits longs, entre le réseau des associations pour le maintien d'une agriculture paysanne – AMAP – et l'exportation via Rotterdam, n'y a-t-il pas des circuits intermédiaires de production, transformation ou distribution qu'il faudrait inventer ou conforter, notamment autour des métropoles régionales ? Quelles infrastructures de transformation – notamment d'abattage – et de commercialisation pourraient-elles être développées pour reconquérir les marchés intérieurs ?

Enfin, la lutte contre le gaspillage alimentaire et les gains que nous pouvons en escompter peuvent être mis au service de l'égalité des chances à l'école. Dans un pays où le pouvoir d'achat est quatre fois plus important qu'à l'époque de Pierre Mendès France, il est scandaleux que l'on puisse encore distinguer l'origine sociale des élèves selon la façon dont ils sont nourris.

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