Intervention de Éric Straumann

Réunion du 3 avril 2013 à 16h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Straumann, rapporteur :

En premier lieu, l'hydroélectricité constitue, avec le nucléaire, l'un des deux piliers du mix électrique français : avec 70 TWh produits en moyenne chaque année, soit 12 % de la production d'électricité, et 25 GW de puissance installée, soit 20 % de la puissance installée sur le territoire national, c'est l'un des maillons essentiels de la sécurité d'approvisionnement des usagers français.

Elle représente également plus de 80 % de la production d'électricité d'origine renouvelable et 20 % de la production totale d'énergie d'origine renouvelable, ce qui la rend déterminante dans l'atteinte des objectifs fixés par la programmation pluriannuelle des investissements – 23% d'énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie d'ici 2020.

Rassemblant 66 % du parc de production de pointe et d'extrême pointe, il s'agit du moyen de production le plus flexible et le plus modulable. La centrale de Grand'Maison, en Isère, que nous avons visitée, offre par exemple une puissance de 1800 MW – l'équivalent de deux réacteurs nucléaires – mobilisables en trois minutes seulement. De telles propriétés sont précieuses dans le contexte énergétique européen. La part des sources d'énergie intermittentes dans le mix électrique européen s'accroît rapidement, nécessitant le développement parallèle de moyens de production flexibles, susceptibles de démarrer ou de s'arrêter rapidement en cas de variations importantes de la production. Les barrages constituent les moyens privilégiés de cet ajustement instantané de l'offre et de la demande. Gérés en temps réel pour valoriser au mieux la ressource hydraulique, ils turbinent en heure de pointe, lorsque les prix sont élevés, et reconstituent leurs réserves en heure creuse, lorsque l'électricité est bon marché. Quant aux STEP (stations de transfert d'énergie par pompage), elles constituent un instrument dédié spécifiquement à l'optimisation du système électrique. Alors que plusieurs pays européens ont lancé d'ambitieux programmes de développement des STEP, on compte un seul projet français, Redenat sur la Dordogne. L'ensemble de ces éléments font de l'hydroélectricité un moyen de production tout à fait déterminant à la réussite de la transition énergétique.

Enfin, l'hydroélectricité est le moyen de production d'électricité le plus compétitif, de l'ordre de 25 à 30 euros par mégawattheure (€MWh) contre 42 €MWh pour l'électricité nucléaire vendue dans le cadre de l'ARENH et 50 €MWh pour l'électricité valorisée sur le marché. La compétitivité de l'hydroélectricité est le point de départ de l'aventure de la « houille blanche » : de nombreux groupes industriels (Péchiney, Alcan, etc.) se sont développés dans les vallées alpines pour se brancher en direct sur les barrages. Plus d'un siècle plus tard, ces ouvrages offrent toujours au consommateur industriel ou particulier une électricité à un prix stable et bon marché. Tandis que les centrales nucléaires nécessitent des investissements de mise à niveau et que, dans le même temps, le soutien au photovoltaïque et à l'éolien impose de mobiliser des ressources financières nouvelles, l'énergie hydraulique constitue au contraire un facteur de stabilité du prix de l'électricité.

De l'hydroélectricité dépendent en réalité beaucoup d'autres décisions de politique énergétique, ce qui justifie qu'elle soit replacée au centre du débat sur la transition énergétique. L'objectif de notre mission est de poser les bases d'un régime juridique adapté : sa spécificité et son importance dans le mix énergétique national plaident en faveur de la mise en place d'un cadre particulièrement protecteur.

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