Je ne suis pas au courant de l'affaire que vous avez évoquée, monsieur Guilloteau.
Les forces de notre armée, monsieur Labaune, résident d'abord dans la rapidité de son déploiement et de son organisation logistique, la préparation de nos troupes – sans doute « affûtées », pour employer une métaphore sportive, par l'opération en Afghanistan – et la possibilité de se prépositionner, sans laquelle nous n'aurions pu stopper l'offensive djihadiste dès le 11 janvier. Les carences sont connues et ne datent pas d'hier : les drones pour le renseignement – même si la collaboration américaine, en ce domaine, est très étroite – et le transport aérien, malgré certaines aides extérieures, sur lesquelles il peut d'ailleurs être légitime de compter, notamment au niveau européen. Un tiers de notre acheminement logistique a ainsi été assuré par nos partenaires canadiens, danois, américains, britanniques, allemands et espagnols. Mon homologue canadien m'a aussi confirmé, avant-hier, que son pays continuerait de nous apporter un soutien logistique. Pour le ravitaillement en vol, enfin, nous avons reçu l'aide des États-Unis et de l'Allemagne.
Le Conseil européen de la fin de l'année portera, pour la première fois depuis longtemps, sur l'Europe de la défense, monsieur Folliot. J'en attends donc beaucoup. Du point de vue opérationnel, la principale question posée est la réactivité aux crises. La négociation sur l'EUTM-Mali, engagée en septembre 2012, a abouti en décembre, et le système n'est en place qu'aujourd'hui ; encore ce processus a-t-il été rapide, et je rappelle qu'il ne s'agit que d'opérations de formation, non de l'engagement de troupes combattantes. En Allemagne, l'envoi de 40 formateurs a par exemple nécessité un vote du Bundestag, assorti d'une visite du ministre de la défense.
Des progrès sont possibles en matière de mutualisation capacitaire, même si la mise à disposition d'un avion ravitailleur par l'Allemagne, par exemple, est une forme de mutualisation. Le troisième grand volet, pour la défense européenne, est celui de l'industrie.
Au Mali, seuls les aspects opérationnel et capacitaire étaient en jeu : des progrès réels ont été réalisés en matière de mutualisation capacitaire ; s'agissant de la gestion des crises, aucune autorité politique européenne n'est aujourd'hui en mesure de décider d'une intervention militaire en cinq heures seulement. Seuls des États, en conformité avec le droit international, pourraient décider d'une telle intervention.