J'ai sous les yeux la longue liste des armements saisis ce week-end dans la vallée de l'Assamalmal. Une partie de ces saisies est détruite, une autre donnée aux forces maliennes et une troisième conservée à des fins d'analyse. Il s'agit d'armes, soit abandonnées par l'armée malienne, soit venues de Libye – les plus sophistiquées étant au demeurant inutilisables ou d'un maniement trop complexe pour les djihadistes –, soit achetées au marché noir. Nous en avons découvert des dizaines de tonnes au total.
Nos troupes n'ont pas à assurer la sécurité des centres urbains, dans ce qui s'apparenterait à une mission relevant de l'État malien. S'il en est besoin, en relation avec le Gouvernement malien et la MINUSMA, des actions de contre-terrorisme seraient envisageables. En dépit des rumeurs sur un avion du Qatar qui aurait atterri sur le sol malien en janvier dernier, aucun élément n'est venu du Golfe.
Quant aux opérations menées par l'Algérie, nous en sommes régulièrement tenus informés, de même que nous l'informons aussi de nos propres opérations, comme celle menée récemment à Tin-Zaouatène, près de la frontière. L'Algérie a renforcé la surveillance de ses frontières, et elle nous vend du carburant. Les pistes sont fermées mais la frontière est si longue qu'on peut évidemment la franchir à pied. En tout état de cause, nous collaborons avec ce pays de façon confiante.
Tout est pour ainsi dire à reconstruire au nord, monsieur Bays, car cette zone a été abandonnée depuis longtemps par les autorités maliennes. Cela explique d'ailleurs en partie le ressentiment des populations locales, qu'il s'agisse des Arabes, des Peuls ou des Touaregs. La construction et la réorganisation économique de ce pays, l'un des plus pauvres du monde, passent notamment par des financements européens, dont il sera question le 15 mai prochain à Bruxelles, et le soutien de collectivités, qui fut récemment évoqué à Lyon. Il faudra aussi assurer le retour des réfugiés. Ce travail de longue haleine nécessite la sécurisation politique du pays.
Le narcotrafic est une vieille tradition locale, notamment à partir de Gao, où il faisait vivre beaucoup de gens dont certains sont devenus des relais pour le MUJAO, qui les alimente financièrement.