Pour une fois…
Ce prix fort que la France paye, il se mesure aussi en termes d'impact sur l'environnement. La croissance démentielle des routes et des parkings stérilise des milliers et des milliers d'hectares, affectant définitivement notre biodiversité, donc notre avenir.
Les transports sont la deuxième source d'émissions de gaz à effet de serre. Nous en souffrons aujourd'hui car nous ne savons pas remettre en cause, structurellement, leur croissance. Il faut agir pour éviter les quatre degrés et nous limiter à deux degrés.
En outre, ils ont contribué à fragiliser notre économie. Leur modèle économique adossé au pétrole peu cher les place chaque jour dans la crainte d'un enfièvrement des prix du pétrole, donc d'un dérapage du prix des carburants.
Il s'agit surtout d'un système fondé sur une économie linéaire : rapatrier des ressources provenant d'autres continents, à moindre coût – la baisse des coûts servant parfois simplement à maintenir un système à bout –, pour rejoindre quelques pôles de consommation et de production avant de les jeter. Ce n'est pas un système durable, nous devons en sortir.
Cette analyse nous montre combien la capacité à peser sur les enjeux liés aux transports passe avant tout par la remise en cause de notre modèle économique.
Dans cette perspective, je me réjouis de l'annonce faite la semaine dernière par Delphine Batho d'une loi-cadre sur l'économie circulaire d'ici à la fin de l'année. Rappelons que l'économie circulaire est fondée sur une logique de proximité, mêlant circuits courts et moindre consommation. Elle conduit à diminuer l'intensité du transport de marchandises et à découpler la croissance du PIB de l'accroissement de la consommation des ressources et de l'alourdissement de l'impact environnemental. Il est donc primordial de passer à ce modèle. Félicitons-nous de l'initiative de la ministre de l'écologie !
Au-delà, il s'agit d'insister sur la nécessité d'organiser le territoire pour diminuer les besoins de déplacements. Ils ne doivent qu'être un moment de plaisir et non plus un moment subi. La loi relative au logement et à l'urbanisme de Cécile Duflot, les lois de décentralisation de Marylise Lebranchu vont permettre de densifier, de coordonner, de responsabiliser les territoires pour préparer la France aux défis auxquels nous devons faire face, ceux de la raréfaction des ressources, en premier lieu du pétrole.
C'est à partir de ces principes que nous devons aborder ce projet de loi, monsieur le ministre.
Dans la perspective de l'aménagement du territoire, nous soutenons pleinement l'article 24 proposant un schéma national directeur de la logistique afin d'optimiser les flux de marchandises, d'accentuer la part du transport ferroviaire, fluvial et maritime, de réduire les impacts et de rendre le système économique plus fort, plus robuste, plus efficace. Tarte à la crème, je vais encore citer l'Allemagne qui a mis en place en 2008 un master plan logistique qui donne des résultats très probants. C'est une grande satisfaction de voir un tel schéma inscrit dans le texte.
Il importe aussi de redonner des moyens aux collectivités territoriales…