Monsieur Wahl, je suis élu d'un des territoires de ce Nord dont vous avez évoqué les difficultés et qui, en effet, détient avec le Languedoc-Roussillon le record du taux de chômage. C'est également le territoire où les jeunes restent le plus longtemps au chômage. Nous aurions, par conséquent, aimé être consultés : n'avons-nous pas l'expérience de ce clivage entre deux France que décrit Emmanuel Todd dans son livre Le Mystère français : d'un côté une France riche, de l'autre une France pauvre, et ce aussi bien dans nos territoires ruraux que dans nos territoires urbains ? Cette situation me rend sensible à cette question d'égalité des territoires et je suivrai donc avec attention le débat qui va s'engager – et qui, à mon avis, ne peut porter uniquement sur la création de telle ou telle structure. Mais, pour l'heure, je me contenterai d'aborder trois points.
Je me bats depuis longtemps pour faire admettre que la projection faite par l'INSEE dans les années 2000, selon laquelle la démographie de mon territoire allait considérablement chuter, était erronée ; de fait, depuis cette date, notre population a augmenté. Le problème est que toutes les administrations continuent à se fonder sur cet indicateur, ce qui a des incidences, par exemple, sur le nombre de fonctionnaires et sur le montant de la péréquation. Or je n'arrive pas à le faire modifier. Que pourriez-vous dire sur le sujet ?
La mobilité est essentielle quand il s'agit de l'égalité des territoires : il en va pour tous les citoyens de l'accès aux services, de la possibilité de satisfaire des besoins primordiaux. Il me paraîtrait donc indispensable de prendre en compte cette question, qui est aussi celle des transports et des infrastructures.
Enfin, vous avez parlé d'ingénierie. Mais les fonctionnaires en participent : je rappelle que la fonction publique a été créée, par nos révolutionnaires, pour compenser les difficultés d'accès d'une partie de la population à certains services – Babeuf a dit des choses remarquables à ce propos. Mais la fonction publique, c'est aussi l'intelligence que vous incarnez, monsieur l'inspecteur général, vous et vos collègues, et c'est la capacité de faire. Voilà pourquoi je demande que de hauts fonctionnaires quittent Paris pour venir travailler avec nous sur nos territoires. Rien que dans mon arrondissement, il nous faudrait 1 500 fonctionnaires supplémentaires uniquement pour nous mettre au niveau de la moyenne nationale !
J'en ai terminé, monsieur Wahl. J'attends des propositions en même temps que l'expression concrète d'une volonté politique. Sachez que nous serons particulièrement vigilants.