Les accords prévoient un libre accès aux données à la BnF pour les 1 500 lecteurs quotidiens et pour tous ceux qui seront dès lors amenés à s'y rendre. Cela nous semble doublement critiquable. D'une part, les oeuvres du domaine public numérisées ont une valeur infiniment plus grande puisque les citoyens peuvent se les réapproprier ; d'autre part, la double limitation de leur transmission – par l'accès sur le seul site physique et par l'exclusivité commerciale concédée – constitue la négation même de l'intérêt qu'il y a à numériser les oeuvres du domaine public.
Je note, également, une certaine schizophrénie de la BnF puisque Gallica, sa bibliothèque numérique en libre accès, se développe considérablement, sa fréquentation étant de surcroît en augmentation. En tant que citoyen et membre de SavoirsCom1, la volonté de certaines bibliothèques d'opposer les usages « sur place » et à distance me semble dangereuse alors qu'il serait bien plutôt préférable de les rendre complémentaires. Il conviendrait même de mesurer l'action des bibliothèques patrimoniales – et des autres – à leur fréquentation, certes, mais également à leur contribution à la dissémination des biens communs sur internet. Une telle évaluation de ces outils de politiques publiques que sont les bibliothèques me paraîtrait bienvenue.
J'ajoute que l'appel à projets réalisé par la BnF dans le cadre du grand emprunt indiquait que plus l'accès aux documents numériques sur Gallica et Europeana, la bibliothèque européenne en ligne, serait large, plus l'appréciation de la proposition sera favorable. Dans quelle mesure un tel critère a-t-il été respecté dans le choix des prestataires et les accords finaux qui ont été conclus ?