Lorsque le Général de Gaulle a donné la parole au peuple, un certain homme politique a écrit Le coup d'État permanent.
Faites preuve de plus de prudence avant de nous reprocher des propos indécents ou de nous accuser d'encourager des batailles de rue ! Vous ne prendrez aucun d'entre nous en défaut à cet égard. Nous avons le droit, en tant que citoyens français et parlementaires, de manifester. Notre participation, rare mais déterminée, à un certain nombre de manifestations est toujours paisible et républicaine. Je vous demande de nous en donner acte et de vous garder, malgré la tentation, de tout amalgame avec des comportements que nous dénonçons aussi fortement que vous.
Je veux conclure par une interrogation sur l'organisation de nos travaux, afin de conjurer une possible déception. Vous avez rappelé, monsieur le président, que la Commission avait eu, lors de l'examen du texte en première lecture, le temps et les moyens de travailler. Ceux qui ont participé aux débats et contribué à la réflexion peuvent le confirmer. Vous avez dit avoir alors plaidé, avec succès, auprès du Gouvernement pour un report de l'examen du texte, initialement prévu en décembre, au mois de janvier. Je vous pose donc la question suivante : avez-vous demandé au Gouvernement de ne pas précipiter le cours des choses, en faisant valoir qu'un report de la deuxième lecture à une date acceptable, à défaut de la date initialement prévue, serait profitable à tous ? Si vous l'avez fait et n'avez pas obtenu satisfaction, dites-le nous : cela confirmera le souhait du Gouvernement et de la majorité de passer en force. Si vous ne l'avez pas fait, cela signifie que vous avez accepté ce que le Gouvernement vous a demandé – j'allais dire : que vous avez capitulé.
Je suis très peiné de la tournure prise par les événements. Il ne semble pas utile d'ajouter la crispation aux résistances qu'oppose déjà le corps social au projet que vous persistez à vouloir lui imposer. Nous prenons acte de votre décision d'aller vers un vote conforme, mais cela ne signifie pas que nous entendons priver nos concitoyens des débats auxquels ils ont droit.