Je veux adresser mes félicitations à notre rapporteure pour la qualité de la synthèse qu'elle a dressée. Les premiers travaux sur la mortalité des abeilles remontent à 1947 ; ils ont mis en évidence une surmortalité des abeilles et, ce qu'on néglige trop souvent, des apoïdes sauvages. Peut-être, d'ailleurs, faudrait-il également évoquer ces derniers !
Peut-être, aussi, le fait de pointer du doigt les pesticides dans la recherche des responsables de la surmortalité des abeilles a-t-il braqué un certain nombre de personnes alors qu'un consensus assez large admet une pluralité de facteurs à la source de cette situation.
On parle de mortalité de 30 à 40 % suivant les territoires, et c'est bien ce qui est important : ces taux se retrouvent aussi bien dans les grandes plaines céréalières qu'au sein des vallées que domine le Mont-Blanc. Il y a donc plusieurs causes et beaucoup d'inconnus. Tous les pays du monde sont frappés avec la même vigueur par le même phénomène. On en comprend l'impact quand on sait que le cycle des protéines commence immanquablement ou presque par une pollinisation par les apoïdes sauvages. Le chiffre de 250 milliards de dollars a déjà été mentionné pour en donner la traduction annuelle en termes monétaires ; ce montant atteint 2 milliards d'euros pour l'espace français. J'indique, au passage, que les plantes anémophiles constituent une exception à cette règle puisque, comme leur nom l'indique, le vent suffit à leur pollinisation.
Le constat de cette mortalité excessive a conduit à organiser une table-ronde dédiée dans le cadre du Grenelle de l'environnement. En 2007, le chef du Gouvernement a demandé à trois de ses ministres – Jean-Louis Borloo, Michel Barnier et Nathalie Kosciusko-Morizet – d'encadrer un parlementaire en mission pour formuler des propositions. Il a découlé du rapport Pour une filière apicole durable, que j'ai eu l'honneur de commettre, un plan de relance de l'apiculture dans notre pays. Les causes multiples ont alors été abondamment décrites, qu'il s'agisse des intrants, de l'état du cheptel, de l'habitat ou encore des ressources alimentaires.
Vous avez insisté sur la double nécessité, d'une part de mener le combat au niveau européen pour convaincre nos partenaires de l'opportunité d'une action commune, d'autre part de constituer une filière apicole à partir des organisations encore trop éclatées malgré la création de l'Institut technique et scientifique de l'apiculture et de la pollinisation en 2009. Il faut poursuivre vers une interprofession qui sera, j'en suis convaincu, la seule façon de régler toutes nos difficultés.
Pour toutes ces raisons, aucun député UMP ne s'opposera au vote de cette résolution, et je gage que beaucoup voteront même en sa faveur comme je m'apprête à le faire moi-même. Ce soutien est subordonné, néanmoins, à l'adoption de l'amendement évoqué précédemment par notre rapporteure, car il est exclu que la France fasse cavalier seul sur ce sujet.