Intervention de François-Michel Lambert

Réunion du 16 avril 2013 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert :

Chacun sait combien les écologistes tiennent la biodiversité pour primordiale, et nous nous réjouissons de la future création d'une agence dédiée à cette problématique. Sa préservation est essentielle ; elle doit prévaloir sur les intérêts économiques de toute sorte. Notre groupe soutiendra donc cette proposition de résolution européenne, adoptée unanimement par la commission des affaires européennes, et à laquelle je souhaite le même destin dans notre commission du développement durable. Le texte qui nous est soumis a été d'abord inspiré par notre collègue Laurence Abeille, qui a plaidé pour un moratoire sur les pesticides néonicotinoïdes et phénylpyrazoles. Danielle Auroi a élargi son approche pour aboutir à la proposition qui nous est soumise aujourd'hui.

Une étude de l'INRA, réalisée en 2012, a révélé les risques des pesticides sur le système nerveux des abeilles. Ils entraînent indirectement la mort en troublant le sens de l'orientation de l'animal et en l'empêchant de retrouver le chemin de sa ruche – or chacun sait qu'une nuit hors de la ruche condamne une abeille. Or, ces effets indirects sont particulièrement difficiles à isoler, ce qui ralentit le progrès de la connaissance scientifique et la compréhension du phénomène d'effondrement des populations d'abeilles. Une nouvelle étude, de 2013 cette fois, a confirmé ces conclusions également renforcées par un précédent : la décision de l'Italie d'interdire les néonicotinoïdes sur le maïs, en 2008, a coïncidé avec une reprise de l'apiculture transalpine – sans qu'on puisse toutefois, et il faut le souligner, déduire de cette corrélation une causalité.

Je ne reviendrai pas sur l'inquiétude que montre le Programme des Nations-unies pour l'environnement au sujet du désordre dans les colonies d'abeilles. Il est nécessaire, au-delà de ce vote, de rompre avec une agriculture fondée sur la chimie qui perturbe les écosystèmes, qui détruit la biodiversité et qui, au bout de la chaîne, altère la santé humaine. (Murmures)

Cette agriculture-là doit intégrer les principes du développement durable. Tout ceci n'est pas nouveau. On en a parlé dans le Grenelle de l'environnement ; on a dressé le plan Écophyto 2018 pour réduire l'emploi des pesticides. C'est l'un des grands échecs des dernières années de ne pas être parvenu à limiter la croissance de leur utilisation.

Enfin, nous devons réfléchir à la filière apicole française. C'est un sujet environnemental, économique, social. Pour la préservation de la biodiversité, le plan lancé par Stéphane Le Foll devra répondre aux attentes qu'il suscite et inaugurer un nouveau chemin pour la production agricole. Arrêtons de nous droguer aux pesticides !

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