Monsieur le Rapporteur général, la négociation avec la Commission européenne a déjà débuté, puisque, le 12 avril, j'ai rencontré à ce sujet M. Olli Rehn, commissaire aux affaires économiques et monétaires. La Commission joue son rôle de gardienne des textes et souhaiterait que la France consente un effort plus important de réduction de son déficit à partir de 2014, afin qu'il se situe autour de 2,5 % du PIB. J'ai expliqué à M. Rehn que l'essentiel résidait dans l'effort structurel et dans le niveau de la dépense publique, que nous ne voulions pas casser la croissance, que nous refusions l'austérité et que nous défendions une politique sérieuse, calée sur un rythme soutenable de réduction des déficits.
Cette négociation ne sera pas facile, car la Commission nous demandera de documenter l'ensemble des éléments du programme de stabilité – y compris pour l'année 2013, bien que le débat sur la situation de nos finances publiques soit moins vif – et parce qu'elle se montrera exigeante sur les réformes structurelles – nous en faisons d'ailleurs, comme l'atteste ce programme de stabilité. Je veux croire que la Commission européenne sera soucieuse de permettre à la France – deuxième économie de la zone euro – de conserver un taux de croissance qui soit suffisant et qui valide ses propres prévisions.
J'ai également rencontré M. Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand, pour lui dire qu'il était de l'intérêt de l'Allemagne que la France soit forte pour relancer la construction européenne. Ce programme de stabilité sera transmis à la Commission européenne le 30 avril ; celle-ci ajustera ses prévisions de croissance début mai et émettra des recommandations à la fin du mois de mai avant l'adoption des programmes de stabilité nationaux au Conseil européen des 27 et 28 juin.
Le règlement sur le volet correctif du pacte budgétaire – modifié dans le cadre du « Six-Pack » – prévoit une réduction du ratio d'endettement de un vingtième par an pendant trois ans. Compte tenu du niveau de dette publique en France, il faudrait une baisse moyenne de 1,5 point de PIB pour respecter ce critère. La décrue moyenne annuelle entre fin 2014 et fin 2017 sera de l'ordre de deux points, si bien que nous respecterons cette obligation dans la période 2015-2017.
Le taux de prélèvements obligatoires progresse de 0,3 % de PIB entre 2013 et 2014, soit 6 milliards d'euros. Il n'y aura pas d'augmentation générale des impôts d'État sur les ménages en 2014, hors la refonte des taux de TVA – déjà votée par l'Assemblée nationale – pour financer le CICE. S'agissant des taux de TVA, nous serons attentifs aux propositions que pourra avancer la commission des Finances, car je confirme que nous souhaitons respecter le travail du Parlement.
Madame la présidente, nous sommes préoccupés par les politiques d'austérité à l'échelle européenne ; ce n'est pas l'orientation que suit la France et le Président de la République a proposé, dès son premier conseil européen, un pacte de croissance ciblé sur l'investissement. Nous posons la question du rythme de consolidation budgétaire au regard de nos capacités de croissance, et souhaitons qu'émerge une approche plus coopérative entre les pays qui disposent d'excédents et ceux qui souffrent de déficits. La réorientation de la construction européenne reste insuffisante, mais elle progresse et la France ne réussira à la promouvoir davantage que si sa politique budgétaire est jugée crédible.
Le Gouvernement est ouvert à la discussion avec la représentation nationale sur la fiscalité écologique – à condition que le taux de prélèvements obligatoires reste inchangé.