Pour ce premier débat d'orientation des finances publiques de la législature, nous n'avons pas la tâche facile et vous le savez.
Sans même invoquer le sempiternel héritage, qui disconviendra que la situation est non seulement grave, mais encore sans précédent ?
Dans le temps qui m'est imparti, je ne peux abuser des chiffres, mais j'en citerai au moins trois que je trouve particulièrement éloquents. Ce sont ceux du déficit de la sécurité sociale, y compris le fonds de solidarité vieillesse : 5 milliards d'euros entre 1997 et 2002 quand la gauche plurielle était au pouvoir ; plus de 60 milliards d'euros entre 2002 et 2007, plus de 110 milliards d'euros entre 2007 et 2012.
Tout est dit, ou presque, sur la gestion – entre guillemets – de la précédente majorité. La Cour des comptes l'a établi depuis plusieurs années déjà : inutile de tenter de faire porter le chapeau de ces résultats désastreux à la crise économique. Inutile aussi de la nier, bien sûr, mais elle n'a frappé qu'à partir de l'automne 2008 et n'est responsable que d'environ un tiers de l'aggravation des déficits.
Monsieur Carrez, puisque vous avez fait référence à la Cour des comptes, je citerai M. Séguin, qui, quelques semaines avant sa disparition, lors d'une audition de la commission des affaires sociales, lança à la majorité de l'époque, devenue opposition : « Vous ne pourrez pas sans cesse dire que c'est la faute des autres ! »
Voilà comment l'ancienne majorité, pourtant volontiers donneuse de leçons d'économie et de gestion, a prolongé de quatre ans la durée de vie de la CADES et a renoncé au principe qu'elle avait pourtant elle-même instauré cinq ans plus tôt : pas de transfert de dettes à la CADES sans affectation de ressources nouvelles.