Intervention de André Chassaigne

Réunion du 16 avril 2013 à 17h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Au nom du groupe GDR, j'insisterai sur la grande humilité dont nous devons faire preuve sur ces questions de développement industriel, récurrentes depuis des années, voire des décennies, et que chacun aborde à travers son propre prisme idéologique. Efforçons-nous de progresser de manière concrète. Je me réjouis des propos que viennent de tenir nos trois invités, car ils me paraissent dessiner une forme de vision industrielle et témoignent en tout cas de l'exigence d'une véritable stratégie dans ce secteur dont nous connaissons tous les difficultés.

Les comités stratégiques de filière et les contrats de filière qu'ils élaborent répondent à une demande non seulement des chefs d'entreprise, mais aussi des organisations syndicales. La nouvelle politique industrielle que tous appellent de leurs voeux suppose de modifier les structures productives actuelles sans en revenir à la politique des grands projets. L'enjeu est le suivant : comment passer des activités et emplois d'aujourd'hui, souvent menacés, à ceux de demain, plus qualifiés, pérennes, reposant sur des fondements technologiques nouveaux ? Je songe en particulier à la transition écologique, aux questions énergétiques, aux nouveaux modes de production – qui peuvent aller de pair avec de nouveaux modes de vie –, au développement de l'économie circulaire compte tenu de l'épuisement des ressources. La stratégie de filière peut contribuer à résoudre ce problème.

Dans vos exposés, vous avez évacué trop rapidement à mes yeux le problème de l'emprise de la finance et de la spéculation sur notre économie. Selon ce fonctionnement à l'anglo-saxonne, l'entreprise n'est plus qu'un objet sur lequel on spécule, quitte à l'amputer pour accroître ses propres gains à court terme. Monsieur Dehecq, lorsque vous étiez responsable de Sanofi – dont l'usine de Vertolaye se situe dans ma circonscription –, on a salué en vous un véritable capitaine d'industrie. Mais les pratiques de Sanofi sont désormais à l'image de ce que l'on connaît aujourd'hui dans l'ensemble du secteur : les intérêts financiers l'emportent au point que l'on en vient à sacrifier des emplois dans une entreprise rentable dont le taux de profit atteint 25 %, dans l'espoir d'accroître encore sa rentabilité. Comment, enserrés dans ce carcan financier, pourrions-nous assurer le développement industriel que nous voulons, pérenne, solide, historique ?

Comment s'articuleront filières et pôles de compétitivité ? Comment ces derniers pourraient-ils profiter non plus seulement aux grands groupes, mais également aux PME, aux entreprises innovantes, à l'instar de véritables pôles de développement ?

Vous avez très bien fait d'évoquer les sous-traitants ; mais, au-delà des seuls délais de paiement, c'est leur lien de subordination aux donneurs d'ordre qui pose un problème. Comment le modifier concrètement ?

En ce qui concerne la formation, il n'est pas rare que des ingénieurs qui pourraient tout à fait mettre les mains dans le cambouis préfèrent se diriger vers les postes commerciaux. Malgré leur compétence, leur intelligence, leur savoir-faire, l'on fait d'eux des commerçants et non des inventeurs, des producteurs qui travailleraient sur l'aspect technique et sur le développement industriel.

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