Il serait trop long d'aborder ici la question de la transition énergétique. Ce qui est sûr, c'est que si nous voulons conserver des industries en France, il nous faut une énergie compétitive. Si nous n'y prenons garde en Europe, les grandes firmes chimiques risquent, comme elles l'ont annoncé et ont d'ailleurs commencé à le faire, de réaliser demain leurs investissements lourds aux Etats-Unis où, grâce à une nouvelle production gazière, le coût de l'énergie a diminué de 30%. Le prix de l'énergie est déterminant pour le maintien en France, et plus largement en Europe, de toutes les industries grosses consommatrices.
La sécurité de l'approvisionnement en matières premières est un autre problème dans de nombreux secteurs. Des réflexions sont en cours sur le sujet.
Bien sûr qu'il faut conserver les « anciens » dans une entreprise ! Sinon comment sauvegarder les savoir-faire ? Tout ne s'apprend pas dans les livres ! Dans le même temps, il faut savoir attirer les jeunes. La semaine de l'industrie, instituée à la suite des états généraux, est l'occasion d'une collaboration très fructueuse entre l'éducation nationale et le monde industriel. Cette année, à l'occasion de 1 500 journées « portes ouvertes », les élèves se rendront sur le terrain avec leurs professeurs. Ils pourront constater qu'aujourd'hui, même dans une usine de décolletage, les ouvriers n'ont pas les mains dans le cambouis, mais travaillent sur clavier à une production totalement automatisée. Ce n'est plus Zola ! Montrons à nos jeunes que le monde industriel est un secteur porteur, où l'on crée et où l'on fabrique.
Nous n'avons que peu parlé d'Europe. C'est pourtant souvent elle qui est source de blocages. J'ai assisté à beaucoup de réunions à Bruxelles sur la politique industrielle et les grandes filières européennes… sans que cela ait même jamais accouché d'une souris. Il n'existe toujours pas de politique industrielle européenne. Durant des décennies, l'Europe a défendu le consommateur contre l'industrie. Une évolution se fait jour, mais cela ne se traduit pas encore par la volonté de mettre en place une politique industrielle européenne. Lorsqu'elle a eu connaissance du rapport remis par Pascal Faure sur le sujet il y a quelques années, la Commission aurait souhaité qu'on organise des états généraux de l'industrie en Europe. Qu'il s'en tienne d'abord dans chaque pays !
La Commission fait valoir qu'exiger des délais de paiement n'excédant pas soixante jours contrevient au Traité, car s'il existe un accord entre donneur d'ordre et sous-traitant, il l'emporte sur tout le reste. Mais que pèse un sous-traitant qui réalise 10 ou 15 millions d'euros de chiffre d'affaires face à un donneur d'ordre qui pèse des milliards d'euros ? La relation est si déséquilibrée que le premier ne peut que se soumettre aux conditions imposées par le second, faute de quoi il n'obtient pas le marché. Il y aurait là beaucoup de points à toiletter.
Pour dérisoire qu'elle puisse paraître à certains, la promotion du made in France n'est pas vaine. Les expériences en ce domaine, trop peu nombreuses, ont toutes montré que lorsque le consommateur est bien informé, il assure aux produits made in France un vif succès. Presque tout le monde aujourd'hui connaît quelqu'un dans son entourage qui est confronté au chômage. Il n'est donc pas difficile de sensibiliser à l'importance de produire et acheter français, qui contribue à sauvegarder des emplois en France et même à en créer.
Un dernier mot sur le travail que nous pourrions conduire avec le Parlement. Combien de fois Jean-Claude Volot ou René Ricol, lorsqu'ils étaient respectivement médiateur inter-entreprises et ancien commissaire général à l'investissement, n'ont-ils pas été auditionnés à l'Assemblée nationale et au Sénat ! On avait hélas l'impression à chaque fois qu'il fallait tout réexpliquer. On avait eu au départ l'idée d'associer un député, un sénateur et un député européen aux travaux du Conseil national de l'industrie pour créer des liens. Si un petit groupe de parlementaires nationaux et européens, motivés par les questions industrielles, se réunissait régulièrement, auquel nous pourrions exposer les problèmes que nous rencontrons et avec lequel nous discuterions des solutions envisageables, on gagnerait en efficacité. Le CNI, qui bénéficie de moyens supplémentaires pour assurer ces interfaces, serait désireux d'un tel dialogue.