Intervention de Brigitte Allain

Réunion du 17 avril 2013 à 17h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Allain :

L'enseignement supérieur et la recherche jouent un rôle déterminant dans la formation, qui commence dès l'école primaire et que favorisent dès le plus jeune âge les activités périscolaires. La tradition d'excellence scientifique propre à notre pays est attestée par les cinquante-six prix Nobel et les onze médailles Fields qui lui ont été décernés.

À l'heure où la planète connaît des changements complexes, nous devons nous donner les moyens, tant sur le plan national qu'à l'échelon international, de mieux connaître pour mieux agir et d'ouvrir la recherche aux citoyens. Celle-ci ne saurait se limiter à une vision utilitariste, au seul service de l'économie, comme le sous-entend le texte. Elle doit être au service du monde et de l'émancipation de tous.

À ce titre, nous regrettons que, au sein du projet de loi, la compétitivité et la performance prennent le pas sur la coopération, la créativité collective et la solidarité. En faisant du transfert vers les entreprises une mission de service public de l'enseignement supérieur – sans revenir sur les sociétés d'accélération du transfert de technologie (SATT) mises en place grâce aux investissements d'avenir –, le projet de loi privatise en fait la recherche. Or celle-ci doit vivre pour elle-même et, bien qu'encadrée, laisser place à l'imaginaire, comme à la découverte de pistes inexplorées, qui peuvent éventuellement ne pas aboutir. Il suffit de faire confiance à nos meilleurs chercheurs et d'encadrer mieux leur carrière.

Pour créer un lien avec le monde économique, certains pôles de compétitivité ont fait leurs preuves, mais le lien entre recherche et société dépasse la relation avec l'entreprise. Les savoirs citoyens et le dialogue entre science et société sont fondamentaux, au même titre que les échanges entre scientifiques et décideurs publics, administratifs ou politiques. Dans un monde devenu extrêmement complexe, le savoir est un bien précieux, collectif, pour prendre des décisions qui nous aideront tous à mieux vivre ensemble.

Un des objectifs assumés – et louables – du projet de loi est de veiller au rayonnement international de la recherche française, mais c'est la qualité de nos publications scientifiques, plus que le nombre de brevets, qui déterminera notre attractivité, dont nul ne doute. Évitons d'ouvrir une course aux appels à projets, en vue d'attirer des étudiants et chercheurs étrangers sur notre territoire. S'il est bon d'assouplir l'obligation du français dans les formations, il faut avant tout améliorer l'accueil des étrangers comme leurs conditions d'étude et de travail. Or vous ne proposez rien pour réduire leur précarité, qui nous empêche d'être réellement attractifs.

Le projet de loi crée un Conseil stratégique de la recherche, mais il n'en fait pas un véritable lieu où débattre de manière démocratique des grandes orientations de la recherche. Il ne garantit pas non plus l'ouverture ni la transparence de sa composition.

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