Nous l'avons dit : le terrorisme, l'islamisme, le fanatisme prospèrent largement sur la misère humaine.
Par conséquent, la réponse militaire ne suffit pas et ne peut-être que passagère. Le recours à la force armée signe toujours l'échec du politique. Pour le Mali, c'est l'échec de certaines pratiques néocoloniales, qui s'accommodent de l'abandon de larges parties du monde tant que certains intérêts économiques sont satisfaits.
Les politiques folles d'ajustement structurel du FMI sont en cause : elles ont encouragé la privatisation des services publics et participé au délitement de l'État malien. Il faut changer de politique.
Si la France et les organisations internationales avaient promu, depuis quelques dizaines d'années, une véritable politique de développement pour le continent africain, nous n'en serions pas là !
Il faut donc gagner le développement, gagner la paix au Mali, une paix qui ne soit pas une paix des vainqueurs.
À ce titre, nous nous inquiétons de l'existence de règlements de comptes interethniques. Dans le nord du pays, selon des médecins et militaires maliens, des soldats français et un journaliste de l'AFP, des unités de l'armée malienne auraient eu recours à la torture et au meurtre contre les suspects de soutien aux groupes islamistes armés.
Certaines ethnies seraient particulièrement touchées par les exactions.
Un journaliste de l'AFP a pu voir quatre « peaux blanches », comme sont appelées les communautés arabe et touareg, à Gao et Tombouctou, portant des traces de torture : brûlures de cigarettes, à l'électricité, à l'acide, os brisés, marques de coups et de strangulation, balles dans le corps, etc. Les femmes seraient victimes de violences à caractère sexuel.
On le voit, les questions de réconciliation et de développement au Mali sont primordiales pour assurer une paix durable. Il n'y aura pas de sécurité sans développement, et réciproquement. Il n'y aura pas non plus de sécurité sans démocratie, une réelle démocratie, fondée sur un État de droit, sans précipitation des puissances étrangères.
Nous pensons notamment que les droits des femmes, le respect des minorités doivent s'imposer avec force.