Intervention de Jean-Jacques Candelier

Séance en hémicycle du 22 avril 2013 à 17h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces françaises au mali débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

Notre ligne de conduite doit être de permettre au peuple malien d'exercer sa pleine souveraineté.

Quant au développement, nous ne sommes pas complètement dupes des motifs qui guident et continueront à guider les États. Nous connaissons l'importance des enjeux sur les ressources naturelles du Mali et aussi, plus largement, d'Afrique. Notre optique n'a jamais été d'imposer des critères commerciaux et des parts de marchés pour les firmes multinationales. Nous pensons que tout doit être remis à plat pour des coopérations mutuellement avantageuses pour les peuples.

S'agissant des moyens, nous voulons avoir des précisions sur la conférence internationale des donateurs, qui se tiendra le 15 mai à Bruxelles. Quels seront ces généreux donateurs ? Quelle sera la part de la France ? On parle aussi d'une contribution du secteur privé : pour quel retour sur investissement ?

Nous savons juste que l'Union européenne a annoncé une aide de 250 millions d'euros. Ce serait un réveil bien tardif de la part d'une institution qui a abandonné sa stratégie pour la sécurité et le développement au Sahel.

Surtout, l'effort devra être employé à bon escient et profiter le plus directement possible à la population.

En lien avec les orientations définies par les autorités maliennes, quelle sera la part affectée à la lutte contre la corruption, les trafics et le terrorisme ?

Comment seront ventilés ces crédits ? Serviront-ils à construire des écoles ou à former des soldats ?

Nous l'avions dit au moment de la ratification du traité d'amitié et de coopération avec l'Afghanistan : c'est toute l'aide au développement qui doit être repensée. Toute coopération doit être mutuellement avantageuse, sous peine d'être rejetée, tôt ou tard, par les populations.

Nous savons que, dans le cadre de notre aide bilatérale, l'Agence française de développement travaille à la sélection des projets qui seront financés avec les 150 millions d'euros gelés après le coup d'État de mars 2012.

Le montant de cette aide pourrait être rapporté aux centaines de millions de surcoûts qu'engendrerait une présence pérenne et permanente de nos troupes. Surtout, il faut rappeler qu'en dix ans, la coopération française au Mali s'est montée à 162 millions d'euros, soit seulement 4 % de notre aide publique pour l'un des pays les plus pauvres de la planète. Et pour quels résultats ?

Aujourd'hui, non seulement le Gouvernement reste muet sur le rôle et la responsabilité du FMI et de la Banque mondiale dans la situation économique et sociale malienne, mais l'Agence française de développement agit en commis voyageur des multinationales. Pierre Moscovici a clairement mis en avant, le 9 avril dernier, l'idée que « nos financements doivent servir à nos entreprises ».

C'est dans ce cadre qu'il a été décidé de créer un fonds d'expertise à l'AFD, « qui permettra de positionner l'expertise française, son savoir-faire et surtout ses normes, en amont des projets d'infrastructures dans les pays de notre coopération ».

Au contraire de cette conception que je n'hésite pas à qualifier d'impérialiste, et comme l'avait souligné notre collègue François Asensi, il est urgent de réorienter notre aide publique au service du développement endogène des pays les plus pauvres. Il n'est plus possible que l'aide publique au développement accordée à l'Afrique aboutisse à asservir, à déresponsabiliser les pays africains, à entretenir la dépendance, le sous-développement et l'endettement des États.

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