Quelques semaines avant que nous engagions notre intervention militaire, l'association de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch dénonçait les graves exactions commises par les groupes armés islamistes qui contrôlaient alors le nord du Mali.
Ansar Dine, le MUJAO et Aqmi semaient la terreur et se livraient à des actes d'une extrême cruauté : amputations, flagellations, exécutions, utilisation d'enfants soldats de onze et douze ans, destruction du patrimoine historique, culturel et religieux. Autant de violations des lois internationales pour imposer leur interprétation stricte de la charia et forcer la population à adopter leur vision du monde.
Le reste du pays, lui, n'en finissait pas d'attendre le retour d'une normalité institutionnelle et politique, craignant chaque jour que lui soit réservé le même sort.
La prise du Nord-Mali, le risque d'extension du conflit dans les pays voisins et les motivations anti-occidentales de ces groupes terroristes, mais aussi une crise alimentaire, humanitaire et sociale sans précédent, rendaient nécessaire une intervention internationale.
C'est dans ces conditions que nos forces armées sont intervenues le 11 janvier pour soutenir les forces maliennes et mettre en oeuvre, avec l'appui des forces multinationales africaines de la MISMA, la résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
De nombreux pays alliés nous ont apporté leur soutien logistique et nous pouvons les en remercier.
Un peu plus de trois mois après le début de notre engagement et grâce à la remarquable action de nos troupes, nous pouvons considérer que la plus grande partie des groupes terroristes ont été neutralisés. J'ai en ce moment une pensée pour les cinq soldats qui y ont laissé la vie et pour ceux qui ont été gravement blessés.
Nous devons en premier lieu continuer à tout mettre en oeuvre pour retrouver vivants les huit otages que nous avons encore dans la région.
Nous devons ensuite continuer à exterminer, jusqu'au plus petit groupuscule dormant, ces fanatiques criminels.
Toutefois notre action ne doit pas se contenter d'être militaire, mais doit aussi s'inscrire dans un cadre politique, afin de tenter d'apporter à ce pays ami une solution pacifique durable, au sein d'un véritable État de droit. Cela passe par la reconstruction d'un contrat social permettant à toutes les identités qui la composent de cohabiter.
Aussi devons-nous les accompagner dans leur démarche démocratique qui doit aboutir aux élections de juillet, en souhaitant que leur date puisse être confirmée.
Cela passe aussi par la mise en oeuvre d'un processus de développement sur le long terme qui permettra de ne plus regarder cette région sous les seuls angles sécuritaire et humanitaire.
Pour toutes ces raisons, mes chers collègues, le groupe UMP soutiendra par son vote la poursuite de l'opération Serval tant que celle-ci se révélera nécessaire.
Le chef de l'État évoquait le maintien sur place de deux mille soldats en juillet et de mille en décembre. Cette hypothèse est crédible, même si nous savons qu'il est toujours hasardeux de se lancer dans ce type de prévision, tellement l'incertitude stratégique – dont tient compte, dans ses fondements, notre politique de sécurité et de défense – est immense dans cette partie du monde.
Cela devra d'ailleurs nous conduire à ne pas obérer nos capacités par des réductions drastiques de nos budgets à l'occasion de la prochaine loi de programmation militaire.
Nous devons pouvoir, dans le contexte d'instabilité que nous connaissons et compte tenu du caractère imprévisible des menaces, continuer à nous appuyer sur une armée complète, capable d'intervenir à n'importe quel endroit de l'arc de crise, comme elle l'a fait si brillamment au Mali. C'est là le devoir, l'honneur et la fierté de la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)