Intervention de Jacques Bompard

Séance en hémicycle du 23 avril 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement en application de l'article 50-1 de la constitution sur le programme de stabilité de la france pour 2013-2017 débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Bompard :

Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, le projet de programme de stabilité présenté par le Gouvernement est un nouvel exemple de ce qui atrophie la puissance publique et mine l'autorité politique dans notre pays.

Il faut croire que nous ne sommes bons qu'à pérorer sur des objectifs dont on s'aperçoit toujours en cours de route qu'ils ne seront jamais atteints. Bref, on discute, on ne fait rien de concret, et les Français regardent cette assemblée avec dérision et découragement.

Voilà comment depuis trop longtemps on opère : d'abord on annonce quelques chiffres optimistes basés sur des hypothèses de croissance toujours fausses, puis on procède à une grand-messe à l'Assemblée, enfin – et c'est là l'essentiel – le Gouvernement peut communiquer dans la presse contre vents et marées. Quelle est la réalité des mesures prises, ou plutôt de l'inadéquation des mesures ? Nul ne s'en soucie.

Les termes de « programme de stabilité » sont une superbe expression de novlangue qu'on pourrait traduire par « hésitation et renonciation ». Ce sont dans ces grandes déclarations péremptoires, pontifiantes et inutiles que l'on aperçoit avec clarté que la gauche n'apporte pas de changements réels. Un peu plus d'impôts, un peu moins d'impôts, c'est une nuance importante, certes, mais le résultat est toujours le même : la ruine de la France et de nos compatriotes.

La solution, elle n'est ni de droite, elle n'est ni de gauche, elle est française. Entendez-moi bien : une solution française, c'est une solution qui s'émancipe enfin du dogmatisme bruxellois. L'orthodoxie budgétaire est un bon objectif, mais c'est inutile d'y parvenir avec un pays exsangue. Moins d'impôts, par moins de dépenses, voilà la seule voie acceptable.

Une solution française, c'est une solution qui respecte enfin l'identité de la France, la solidarité nationale de nos compatriotes à l'intérieur de nos frontières. Limitation des prestations sociales à nos seuls ressortissants et à ceux qui travaillent, arrêt de la déportation en France des immigrés pour satisfaire l'appétit du grand patronat et des tenants du mondialisme, instauration d'un protectionnisme raisonné et intelligent aux frontières, du travail pour tous, voilà ce qui nous sauvera.

Une solution française, c'est une contre-révolution sociale et culturelle. Il faut que cesse l'esprit de jouissance dans lequel une partie de l'élite se vautre, pendant que les plus pauvres et les plus fragiles souffrent et sont réduits à la misère.

Dans votre texte, monsieur le ministre, vous oubliez l'essentiel : seul le travail possède toutes les vertus propres à remettre la France sur les rails, et c'est en libérant et en aidant les initiatives des Français entreprenants que l'on combattra efficacement le chômage. Mais vous faites le contraire.

Une solution française, enfin, c'est un cadre d'autorité et de libertés concrètes. Il n'est pas possible de travailler dans un pays qui n'est pas sûr. Il n'est pas sain de travailler dans un pays où les libertés individuelles sont bafouées quotidiennement à quelques centaines de mètres du Palais Bourbon. Il n'est pas sûr de travailler dans un pays qui peine à assurer sa défense sur le plan international.

Voici les trois grandes pistes qu'il faut suivre si la France veut sortir du déclin. Il faut d'abord cesser de se focaliser sur les statistiques de Bercy, qu'infirment d'ailleurs celles de Bercy, contredites par celles du FMI. Il faut ensuite cesser de gérer la France à la façon d'un usurier retors sorti d'un roman de Balzac. Puis, pour aller à l'essentiel, j'ai fait une proposition de loi sur le droit au travail. C'est un droit qui est constitutionnellement garanti. Or la courbe du chômage démontre que ce droit est quotidiennement bafoué. Le chômage désocialise les Français, il amoindrit le lien national, il favorise la ghettoïsation et le pourrissement de quartiers entiers parce que le travail a disparu. Le droit au travail doit être rétabli, c'est la première urgence pour restaurer la stabilité économique.

D'ores et déjà le Haut conseil des finances publiques a indiqué que les prévisions du Gouvernement étaient fausses, car péchant par optimisme. Les Français attendent autre chose du chef de l'État et de son gouvernement. Ils attendent un homme et une équipe qui prennent les décisions cruciales qu'impose le bon sens. Mais j'ai l'impression que votre gouvernement, c'est à la fois « La Grande Illusion » et « La Grande Vadrouille », la division irréparable des citoyens et la farce morose.

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