Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du 25 avril 2013 à 15h00
Égalité des droits et intégration des personnes en situation de handicap — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le rapporteur, monsieur le vice-président de la commission, chers collègues, l'épanouissement des personnes les plus fragiles constitue souvent un indicateur du degré d'inclusion d'une société.

À la lecture du rapport, un chiffre a immédiatement retenu mon attention : 80 millions d'Européens – l'équivalent de la population allemande – sont en situation de handicap. C'est donc un sixième de la population de l'Union européenne qui est directement touché, légèrement ou lourdement, par le handicap.

À eux seuls, ces chiffres devraient éveiller nos consciences qui intériorisent trop souvent l'idée que les personnes en situation de handicap constituent une petite minorité.

Chacun d'entre nous peut être confronté au handicap, soit directement, soit au sein de sa famille. La question du handicap nous concerne donc tous, à la fois collectivement – dans les politiques que nous mettons en oeuvre – mais aussi individuellement, à travers l'éventualité d'y être confronté soi-même.

La France a su faire preuve de volontarisme avec la loi d'orientation du 30 juin 1975 et, plus récemment, avec la loi du 11 février 2005. Incontestablement, des efforts importants ont été accomplis en faveur de la scolarisation des enfants, de la participation citoyenne, et de l'intégration dans l'emploi.

Mais nous sommes aujourd'hui en retard par rapport à d'autres pays. Une des raisons de ce retard tient certainement à l'échec d'une démarche trop souvent ponctuelle, particulariste, faite de mesures éparses souvent prises sous le coup de l'émotion.

Inscrire les politiques en faveur des personnes en situation de handicap dans toute la législation de portée générale procède bien plus d'une logique inclusive. Ce ne sont plus seulement des mesures que nous devons prendre, ce sont des synergies que nous devons bâtir. Les actions spécifiques ne suffisent plus ; ce sont les politiques publiques qui doivent intégrer systématiquement la question du handicap. La transversalité de ces politiques doit permettre la mise en mouvement de tous les acteurs, de manière pérenne.

L'exemple des pays scandinaves, souvent cité, peut nous inspirer : la transversalité des politiques publiques et l'action renouvelée de tous les ministères se justifient par une inversion de l'imputabilité du handicap. Celui-ci n'est plus inhérent à la personne, mais à l'inadaptation du milieu et des structures.

Le handicap nous concerne aussi individuellement. Le risque d'y être confronté doit nous inviter à changer les regards, en sensibilisant nos concitoyens à cette question. Pensons à l'expression « personnes handicapées », ou simplement au terme « handicapés », que l'on entend trop souvent. N'est-ce pas là un handicap de langage ?

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