Je tiens à saluer le travail de la mission d'information, et d'abord celui des rapporteurs. C'est un sujet sensible, c'est vrai ; si la commission des Lois a décidé de lui consacrer une mission d'information, c'est justement parce que c'est un vrai sujet.
Je vous signale que les termes que vous contestez sous la plume des rapporteurs ne sont que les expressions utilisées par les personnes qui ont été entendues, entre lesquelles nous n'avons pu que constater de fortes convergences. On ne peut pas contester le retard méthodologique de notre pays en matière de statistiques de la délinquance. L'état 4001 est obsolescent, présente des carences et ne tient aucun compte de la gravité des faits. L'ONDRP manque de moyens.
Je dénonce cette volonté de disposer sans arrêt des derniers chiffres, alors que l'évolution ne s'apprécie que sur la durée. Quand je fais un bilan sur la situation de ma commune, je regarde ce qu'il en est au cours des dix dernières années, pas au cours du dernier mois.
Le rapport a raison d'évoquer les risques de manipulation des chiffres et je m'associe à ses préconisations, qui vont dans le sens du travail en cours au ministère de l'Intérieur. J'estime qu'il faut cesser d'instrumentaliser politiquement les chiffres de la délinquance et les questions de sécurité en général. Il ne sert à rien de se féliciter de prétendues baisses de la délinquance, lorsque la population a le sentiment inverse.
Nous devons nous doter d'un outil de mesure fiable, même si cela suppose d'accepter que certains chiffres augmentent du fait d'une plus grande transparence : il faut connaître la réalité pour apporter des solutions aux problèmes qui se posent. En particulier, les victimes doivent pouvoir porter plainte sans rencontrer d'obstacles, ce que devrait favoriser le pré-dépôt de plainte en ligne, actuellement envisagé. La mise en oeuvre de ce dispositif devrait, en toute logique, entraîner une augmentation des chiffres.
Pour le bien de la République, il faut cesser d'exploiter les faits divers, les évasions de prison : tous les gouvernements sont confrontés à de tels événements.
En résumé, je soutiens les propositions du rapport visant à améliorer notre connaissance de la réalité, tout en appelant à la fin d'une instrumentalisation politicienne qui ne contribue en rien à résoudre les problèmes.