Intervention de Hughes Pouzin

Réunion du 24 avril 2013 à 10h00
Commission des affaires économiques

Hughes Pouzin, directeur général de la Confédération française du commerce interentreprises, CGI :

Le commerce interentreprises est peu visible, parce qu'il met en jeu des PME qui font l'interface entre des fournisseurs et des clients de toute sorte : artisans, restaurateurs, collectivités locales, buralistes... Les délais de paiement, qui conditionnent la trésorerie des entreprises, sont la clé de leurs relations. La principale préoccupation des patrons de PME, qui vérifient tous les matins leur niveau de trésorerie, est moins de vendre que de récupérer leurs créances en temps utile. L'observatoire de la CGI a noté que, depuis plus d'un an, l'écart entre le délai de paiement convenu et le délai effectif s'est régulièrement dégradé, laminant progressivement les marges des entreprises.

Dans mon secteur, malgré un chiffre d'affaires impressionnant, les marges nettes ne dépassent pas 0,7 % à 1 %. Dans ces conditions, il suffit d'un grain de sable pour gripper l'engrenage. Il peut s'agir d'un délai caché, inventé par le client : une entreprise importante du CAC 40 a ainsi instauré une procédure selon laquelle la facture ne pouvait être payée que si le tampon cristal avait été apposé sur la demande de paiement ; à défaut, la procédure de règlement était reprise à son début, ce qui le retardait de quinze jours. D'autres clients, sous prétexte qu'une pièce est défectueuse, bloquent toute la facture. Par ailleurs, en cas d'incident de paiement, le chèque impayé ne revient qu'au bout de vingt jours ; c'est beaucoup trop long car, entretemps, ce grossiste a peut-être été servi sept ou huit fois. J'ajoute que si on lui demande de régulariser la situation, il ne peut le faire par un versement en liquide, l'administration fiscale multipliant les contrôles tatillons. Peut-être la France doit-elle se désinhiber à cet égard, car elle est le pays européen où les paiements en liquide autorisés sont les plus faibles et les plus sanctionnés ; en Allemagne au contraire, payer en espèces est considéré comme un procédé vertueux. En agissant sur ce point, on sécuriserait les entreprises.

Un dernier mot sur les assureurs crédit. Dans notre profession, ils jouent le rôle de baromètres. Dès qu'une entreprise voit baisser sa cote, la confiance s'atténue et on lui demande de payer immédiatement ses fournisseurs, ce qui est particulièrement gênant.

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