Intervention de Isabelle Kraus

Réunion du 16 avril 2013 à 17h30
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Isabelle Kraus, enseignante-chercheure en physique à l'université de Strasbourg, présidente de la Conférence permanente des missions égalité-diversité des universités françaises :

Je pense que, pour traiter cette question, il faut plusieurs points d'entrée dans une université. Celle de Strasbourg en a ainsi institué plusieurs : les chargés de mission, le médecin du travail, la médecine universitaire, l'assistante sociale. Ces points d'entrée multiples sont nécessaires car une personne victime doit pouvoir se diriger vers la personne auprès de laquelle elle se sentira en confiance – et ce n'est pas toujours la même selon les étudiantes.

Depuis 2009, année où je suis devenue chargée de mission, pour des saisines concernant des cas de harcèlement moral, j'ai été saisie de neuf cas avérés, c'est-à-dire corroborés par des témoignages concordants. Par contre, les victimes n'ont pas porté plainte car ce qu'elles veulent avant tout, c'est que le harcèlement sexuel s'arrête au plus vite afin de pouvoir continuer leurs études, leur thèse ou leur travail dans de bonnes conditions.

Malheureusement, les solutions que nous avons imaginées ne sont pas satisfaisantes. Dans le cas où l'étudiant n'est pas trop avancé dans sa thèse, nous proposons le changement de directeur ou directrice de thèse. Mais cela est très délicat pour les étudiants étrangers car leur bourse étant souvent fléchée sur un directeur de thèse, le changement de laboratoire est une procédure très lourde. Sans compter que c'est la victime qui doit changer et non le harceleur. Dans le cas où la thèse est trop avancée, la seule solution que nous avons trouvée est d'écrire une lettre pour signaler les faits à l'école doctorale, avec l'espoir que celle-ci – après avoir reçu d'autres lettres dénonçant ces pratiques de la part de la même personne – ne fléchera plus de thèse sur ce ou cette directrice-là. Mais je le reconnais : cela est naïf car nous nous heurtons, encore une fois, à l'excellence scientifique. Vous l'aurez compris : nous sommes démunis.

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