Intervention de Philippe Boucly

Réunion du 23 avril 2013 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Philippe Boucly, directeur général de GRTgaz :

Je commencerai par exposer notre vision de l'Europe de l'énergie qui se traduit avant tout par un travail d'harmonisation des normes entamé depuis plusieurs années. GRTgaz est membre de l'ENTSOG, l'association européenne des transporteurs de gaz, au sein de laquelle nous élaborons les codes de réseau qui devront, demain, régenter l'ensemble de l'activité, qu'il s'agisse de l'équilibrage des réseaux, de l'interopérabilité ou de tous les moyens d'assurer un transit plus souple et plus simple au niveau européen. Dans l'immédiat, des initiatives sont prises en matière de coopération. C'est ainsi que dix-sept transporteurs, provenant de sept pays différents, se sont associés pour élaborer la première plateforme de réservation de capacités. Et demain, nous allons rejoindre des transporteurs belge, néerlandais, danois et suédois afin de nous engager fermement en faveur de la transition énergétique par l'accueil de gaz d'origine renouvelable dans nos réseaux à l'horizon 2050. Enfin, nous étudions la possibilité de mettre certains moyens en commun au niveau européen.

Nous assistons actuellement à un grand mouvement de vente de réseaux de transport. Non seulement la cession de TIGF est en cours, mais on peut s'attendre à des recompositions capitalistiques et à la constitution de grands opérateurs au niveau des grandes mailles régionales. L'ambition de GRTgaz est d'en faire partie et de contribuer à ce qui serait, dans le transport du gaz, l'équivalent d'EADS dans l'aéronautique.

Il est un point sur lequel nous devons faire preuve de vigilance : en cas de crise ou de tensions sur le réseau, on assiste parfois à des réflexes nationalistes. Les Allemands et les Italiens ont pu être tentés de conserver l'énergie disponible pour leurs propres besoins et de bloquer l'exportation, au risque de mettre la France en difficulté.

M. Jean-Marie Sermier s'est interrogé sur la possibilité de stocker l'hydrogène dans le réseau. À l'heure actuelle, on peut injecter, en volume, 6 à 7 % d'hydrogène, mais nous allons évidemment essayer de passer ce seuil. Nous avons lancé récemment une étude de faisabilité afin de déterminer les conditions dans lesquelles une expérience pourrait être réalisée. Nous songeons à un partenariat avec de grands groupes français – Areva ou Air Liquide. De son côté, EON réalise en Allemagne une expérience similaire.

S'agissant de l'état des réserves mondiales de gaz, évoqué par M. Bertrand Pancher, il est difficile de faire des prévisions. Mais l'AIE a pu parler d'un âge d'or du gaz : si l'on additionne aux réserves déjà connues les réserves de gaz non conventionnel, on parvient à des quantités permettant d'assurer 200 ans de consommation mondiale. Sans même parler du gaz de schiste, de nouveaux bassins de production seront exploités dans les années à venir, notamment dans l'est de l'Afrique, au large du Mozambique et de la Tanzanie.

En Europe, la question est de savoir dans quelle mesure la production de gaz non conventionnel pourra être acceptée. Mais cela ne nous empêche pas de travailler sur les gaz renouvelables, c'est-à-dire la production de biogaz. Avec une subvention équivalente à celle versée aux énergies renouvelables d'origine électrique à l'horizon 2017, soit environ 5 milliards d'euros, on pourrait développer un potentiel de 150 térawattheures, à comparer à la consommation française actuelle d'environ 500 TWh.

Le coût du transport du gaz représente 6 % du prix payé par le client final. Les investissements à réaliser, qui se chiffrent en milliards d'euros, peuvent donner le tournis, monsieur Jacques Krabal. Mais si vous multipliez la quantité de gaz consommé en France hors résidentiel, soit 300 TWh, par le différentiel entre les prix à long terme et les prix de marché, soit environ 4 euros, vous parvenez à un résultat de l'ordre de 1,2 milliard d'euros par an. Cela signifie que nous avons intérêt à développer les investissements et le marché pour récupérer cette somme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion