J'étais la semaine dernière à la tête d'une délégation qui s'est rendue en Serbie, à Belgrade, en compagnie de Christophe Caresche et Michel Herbillon, et je voudrais souligner ce qu'il s'y est passé. A notre retour, nous avons appris avec satisfaction l'ouverture prochaine des négociations d'adhésion entre la Serbie et l'Union européenne. Pourtant, lorsque nous étions avec nos collègues du Bundestag, ceux-ci expliquaient – je caricature – aux Serbes que les nazis aujourd'hui n'étaient plus les Allemands mais les Serbes et que la porte de l'Union européenne n'allait donc pas leur être ouverte si facilement. Nos amis allemands expliquaient dans le même temps qu'ils faisaient des affaires avec la Serbie, même mieux que nous, mais qu'ils ne voulaient pas les voir rentrer dans l'Union européenne. Quant à nous, nous avons plutôt arrondi les angles. Même si cette affaire s'est arrangée, je voudrais souligner que les Serbes se sentent les mal-aimés de l'Union européenne et de l'Europe et ont l'impression que l'on trouve aux Kosovars toutes les vertus et à eux tous les défauts. Malheureusement, vous savez comme moi que les choses ne sont pas si simples. Je remercie donc M. Jean-Paul Bacquet qui, dans son rapport, montre bien la complexité des deux côtés, en particulier du côté du Kosovo.
En Serbie, il me semble que les règles sont plus strictes. J'en veux pour preuve le débat que nous avons eu avec le représentant de l'Union européenne. Ce dernier indiquait que concernant le trafic d'êtres humains et les filières dont nous avons parlé, le travail était en train d'être correctement accompli par les Serbes tandis que, s'agissant du Kosovo, on y voyait beaucoup moins clair. C'est une des choses qu'il faut prendre en compte. Deuxièmement, nous avons rencontré en Serbie les ONG qui travaillent en particulier avec les Roms notamment « Les femmes en noir ». Cette ONG constate elle aussi que, malgré les difficultés, des efforts sont faits pour mieux les intégrer en Serbie.
Il est important, d'une part, de faire entendre que la Serbie et la France ont eu des liens historiques passés, d'autre part, qu'il faut faire très attention aux droits humains. La France a une responsabilité de ce point de vue, puisque c'est elle qui décidera au cas par cas des personnes à reconduire. Il ne faudrait pas que nous soyons dans une logique de forteresse –il me semble que le rapport de M. Bacquet démontre que ce n'est pas du tout l'état d'esprit de cet accord – mais il faut souligner cette prudence. Au fur et à mesure de l'ouverture des négociations aux pays des Balkans, nous ouvrons l'espace de paix que représente l'Union européenne, ce qui est tout de même un symbole fort.