J'ai commencé ma carrière au Quai d'Orsay, à la sous-direction d'Afrique du Nord. Les problèmes que vous avez évoqués aujourd'hui, nous les avions déjà. C'était les mêmes ! Incompréhension politique, déplacements d'enfants douloureux… Avons-nous vraiment un impact politique sur les évolutions de ces pays ? Pour ma part, je crois que non. Je ne suis pas le seul à le dire : ce sont exactement les propos que nous a tenus dans cette commission un ancien ministre des affaires étrangères qui n'est pas de mon bord. Il faut tenir compte de cette réalité.
Qu'il faille faire du commerce, qu'il faille former des élites, j'en suis tout à fait d'accord. Nous avions déjà commencé en créant un certain nombre d'instituts, qui ont fonctionné ou pas. C'est la même histoire depuis quarante ans. Reste que je ne peux admettre qu'on se berce d'illusions. Cette histoire d'UPM et de 5+5 ne peut pas marcher. Arrêtons de rêver à l'intégration maghrébine ! Ce qu'il faut faire, c'est une politique du multi-bi, c'est-à-dire avoir un dialogue très actif avec chacun des états. Comme ce n'est pas avec simplement 20 millions d'euros qu'on y arrivera, il faut rapatrier les fonds européens et les utiliser nous-mêmes. Il est illusoire de penser pouvoir créer une entente à 5+5 avec les pays du Maghreb, car ils sont en tension permanente les uns avec les autres.
Enfin, dans le contexte des révolutions arabes, l'évolution interne de l'Algérie ne la place-t-elle pas aujourd'hui dans une position extrêmement fragile et instable ?