Monsieur Lamour, l'ouverture des marchés publics américains constitue tout l'enjeu de la négociation. C'est là que l'outil de la réciprocité aurait été utile. La Commission européenne a proposé une réciprocité dans les marchés publics. Les États membres, lors de deux Conseils européens, ont donné leur accord pour que ce projet soit soumis au Parlement, mais force est de constater que la réciprocité n'est pas un concept admis par une majorité d'entre eux. En faisant le tour des capitales européennes, j'ai compté neuf alliés sur ce sujet, sur les vingt-sept États membres. J'ai du mal à faire accepter ce principe auprès de certains États amis, qui parlent de protectionnisme alors que c'est simplement l'intérêt bien compris des entreprises européennes.
Monsieur Launay, vous nous avez accompagné en Pologne et vous savez donc que je suis chargée des négociations sur un marché extrêmement important dans le domaine du nucléaire. Mais la Pologne est aussi un grand pays agricole et je voudrais rendre hommage à notre filière du machinisme agricole qui, après avoir traversé des difficultés, est devenue tout à fait performante. Beaucoup de PME détiennent des marchés très intéressants non seulement en Pologne mais aussi en Ukraine, en Russie et dans d'autres pays. Le Président de la République a par ailleurs fait part de son souhait de relancer le « triangle de Weimar », constitué par l'Allemagne, la Pologne et la France, en trouvant des projets concrets et fédérateurs qui favoriseront la croissance en Europe. La Pologne, par sa proximité avec l'Ukraine, marché très porteur, est une bonne porte d'entrée.
Les grands émergents que sont l'Inde et le Brésil n'assument pas leur responsabilité de puissance commerciale puisqu'ils ont des mécanismes protectionnistes quand ce ne sont pas des mécanismes déloyaux, d'où les procédures engagées.
Bien sûr que la diplomatie parlementaire fait partie de la diplomatie économique ! Un parlementaire en mission fait de la diplomatie économique au même titre qu'un volontaire en entreprise. C'est la raison pour laquelle des parlementaires m'accompagnent lors de mes déplacements à l'étranger, en particulier dans les pays où la puissance publique a une influence forte sur la conquête des marchés.
Je préfère appeler « familles » les quatre secteurs prioritaires, afin de ne pas les confondre avec les filières : les premières sont horizontales tandis que les secondes sont verticales, proposant une offre regroupée sur des sujets identifiés très précis. Je rejoins ainsi le sujet évoqué par Olivier Faure, qui faisait référence au pôle de compétitivité Advancity. Durant mon voyage au Vietnam, le ministre chargé du Plan et des financements a dit spontanément, à l'issue de la conférence de presse : « Quand j'entends aménagement urbain, je lis France ». Notre pays est excellent dans ce domaine et détient toute l'offre, de l'amont à l'aval. Il faut savoir la vendre. Et le FASEP comme la RPE sont des outils financiers qui nous permettent de placer l'offre française. C'est la même situation pour la famille « santé ». Beaucoup de pays souhaitent accéder à la demande sur la thématique « mieux se soigner » et la France détient toute l'offre. Quant à l'agroalimentaire, j'y consacre un soutien important car excepté sur les vins et spiritueux, nous perdons régulièrement des parts de marché, notamment sur tous les produits transformés.
Nous ne sommes plus les premiers dans le domaine de l'agroalimentaire. Faute d'avoir réalisé les réformes de compétitivité nécessaires en amont, comme l'ont fait les Allemands, nous nous sommes faits dépasser. Mais lorsqu'on arrive à conclure un contrat en Chine, par exemple sur la charcuterie, c'est un bon moyen ensuite d'accéder au marché local. Or, la Chine devrait concentrer en matière agroalimentaire 30 % de l'augmentation de la demande mondiale, ce qui représente 100 milliards d'euros. Nous devons être présents.
Sur la situation de l'industrie, je voudrais répondre à Marie-Christine Dalloz qu'à l'issue des Assises de l'industrie organisées par le précédent Gouvernement, qui ont donné lieu à la structuration des filières verticales, j'ai demandé au ministre du Redressement productif que chacune d'entre elles soit dotée d'un comité export chargé de suivre spécifiquement la question de l'exportation dans son domaine et de la recouper avec l'offre commerciale française que je suis chargée de structurer.
Au sujet des volontaires internationaux en entreprise, on compte 7 596 VIE pour 1 733 entreprises fin avril 2013. Le bilan sur les dix dernières années montre que 40 000 VIE ont bénéficié de ce dispositif, pour lequel j'ai fixé un objectif d'accroissement de 25 % en trois ans.
À propos d'une dérive possible du CICE, je vous remercie de me faire part d'un exemple précis, mais le président Gilles Carrez sait bien qu'à chaque fois qu'on crée un crédit d'impôt, il existe toujours un risque de détournement.