Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 15 mai 2013 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous recevons ce matin M. Saeb Bamya, ancien ministre palestinien adjoint à l'économie nationale, et M. Arie Arnon, professeur au département d'économie de l'Université Ben Gourion du Néguev, pour une réunion consacrée aux relations israélo-palestiniennes dans le domaine de la coopération économique. M. Ron Pundak qui devait initialement participer à cette réunion, ne peut malheureusement pas être parmi nous. Avant que vous vous exprimiez, je passerai la parole à M. Gilbert Benhayoun, universitaire français réputé pour l'intérêt qu'il porte à ces questions depuis de nombreuses années et président du groupe d'Aix, dont le travail a permis cette réunion.

Vous êtes respectivement le coordinateur palestinien et le coordinateur israélien de ce groupe, qui a pour particularité de regrouper des économistes palestiniens, israéliens et internationaux, des universitaires, des experts et des responsables politiques. Les recherches que vous menez dans ce cadre ont pour but d'identifier des scénarios et des recommandations économiques afin de promouvoir des solutions « gagnant-gagnant » pour les Palestiniens et pour les Israéliens.

Le protocole de Paris, signé en 1994 en complément des accords d'Oslo, constitue aujourd'hui le cadre légal des échanges économiques israélo-palestiniens. Il a créé une union douanière, tout en prévoyant le reversement à l'Autorité palestinienne des taxes et droits de douane collectés pour son compte par le gouvernement israélien. Sur le terrain, les conditions de circulation des biens et des services demeurent limitées par la politique de sécurité israélienne. Les dispositifs de contrôle, l'obligation de décharger les biens et de changer de transporteur, ainsi que le blocus commercial de Gaza constituent des entraves et des coûts supplémentaires.

Jusqu'à présent, les échanges commerciaux restent très déséquilibrés en faveur d'Israël et se caractérisent par une situation de dépendance des Territoires palestiniens. Les exportations israéliennes vers la Cisjordanie, qui s'élevaient à 3 milliards de dollars en 2011, sont 3,5 fois supérieures aux exportations palestiniennes. Ces dernières sont dirigées à 90 % vers Israël, alors que les relations économiques avec les Territoires palestiniens ne représentent qu'un enjeu très faible pour Israël : les flux vers la Cisjordanie ne représentaient en 2011 que 3 % de ses exportations et 1 % de ses importations.

Nous serons très attentifs à ce que vous pourrez nous dire sur la forme que pourrait prendre une relance de la coopération israélo-palestinienne au plan économique. Elle constitue un enjeu essentiel pour les Territoires palestiniens dans de nombreux domaines, notamment celui de l'eau. Depuis les accords de Taba, en 1995, qui ont établi un partage des ressources à titre intérimaire, la population palestinienne a en effet doublé en Cisjordanie, sans progression significative des volumes d'eau qui lui sont octroyés. Dans le même temps, les travaux du comité mixte palestino-israélien, chargé de se prononcer sur les projets concernant la Cisjordanie, semblent bloqués.

Cette dimension économique des relations israélo-palestiniennes est un aspect important des efforts déployés par le secrétaire d'État américain, John Kerry. Celui-ci a déclaré, début avril, qu'il comptait s'impliquer dans de nouvelles initiatives pour « promouvoir le développement économique et lever une partie des obstacles et des barrières qui existent en matière de commerce en Cisjordanie ». Selon vous, quels seraient les projets prioritaires pour garantir la viabilité et le développement des Territoires palestiniens ? Leur situation demeure en effet très précaire : le taux de chômage est passé à près de 23 % à la fin de l'année 2012 et l'ampleur des déficits des comptes extérieurs et des comptes publics constitue un sujet d'inquiétude majeur.

Quelle pourrait être la contribution des relations économiques à la relance du processus de paix ? Il semblerait que l'offre d'une simple « paix économique » reste très loin de ce que les Palestiniens attendent pour une relance des négociations. En revanche, pensez-vous que des mesures de nature économique permettraient d'améliorer significativement le climat général ? Pour y parvenir, dans quels secteurs faudrait-il agir en priorité ?

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