Intervention de Ericka Bareigts

Séance en hémicycle du 21 mai 2013 à 21h30
Autorisation de légiférer pour accélérer les projets de construction — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEricka Bareigts :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, le Gouvernement souhaite être habilité à légiférer par ordonnances dans le domaine de la construction immobilière – et c'est tant mieux, car le logement est l'une des principales sources d'anxiété des Français.

La lenteur dans ce domaine a pénalisé de nombreuses familles sur de nombreux territoires en les condamnant à la surutilisation des espaces et au mal-logement. Par exemple, à La Réunion, entre 20 000 et 25 000 personnes sont en attente d'un logement. Pour répondre à cette demande, il nous faudrait globalement construire 9 000 logements par an, soit 2 000 pour le simple renouvellement du parc existant et 7 000 pour faire face aux besoins nouveaux – dont 5 000 logements sociaux. Ces constructions nouvelles permettraient également, en augmentant l'offre intermédiaire, de soulager un secteur social engorgé par des familles de travailleurs qui ne trouvent pas dans le secteur privé de logements intermédiaires à des prix décents.

C'est là un véritable défi sur un territoire qui cumule la rareté des terrains constructibles en raison de son relief, un prix très élevé du foncier et une population en croissance – 1,4 % chaque année, soit plus du double du taux métropolitain. Quand bien même construirions-nous en masse, il nous faudrait construire ce dont nous avons vraiment besoin : il faut que les logements soient adaptés pour accueillir les familles qui en ont besoin – adaptés à la structure de ces familles, mais s'inscrivant également dans une gamme de prix qui leur reste accessible.

À La Réunion comme dans d'autres territoires, y compris métropolitains, la vulnérabilité sociale des familles et le mal-logement s'alimentent réciproquement : avec un taux d'effort de 25 % à 30 %, les ménages les plus fragiles sont envoyés dans une spirale de pauvreté par le coût du logement. La faiblesse du revenu disponible après paiement des loyers les maintient en effet à l'écart tant du tissu social, en aggravant leur situation d'isolement, que du marché du travail sur lequel la recherche d'emploi représente un coût, parfois en raison de l'isolement géographique de leur logement.

Oui, il nous faut agir vite sur ce sujet. C'est un dossier qui est porteur de justice sociale, qui constitue un gage d'efficacité économique et qui est à même de changer concrètement la vie quotidienne de milliers de gens en leur donnant de la dignité. Oui, le Gouvernement a raison de souhaiter agir sur cette problématique avec célérité et efficacité, comme il s'y engage avec ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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