Le résultat net du groupe en 2012 a été de – 2,9 milliards d'euros, se répartissant en – 1,7 milliard pour les activités poursuivies et – 1,2 milliard – principalement des moins-values sur les cessions – pour les activités abandonnées.
Notre tâche est de réduire cette perte de 1,7 milliard dans un contexte où l'actif est figé et invendable, sauf à accuser des pertes de dizaines de milliards. La garantie des États nous permettra de diminuer le coût du financement. Cela prendra un certain temps dans la mesure où l'échéance des anciennes émissions est comprise entre deux et quatre ans. Nous ne pouvons générer d'autres actifs car la Commission européenne nous interdit d'être présents commercialement sur les marchés, à quelques exceptions près. Contrairement à ce que la presse a pu affirmer lors de la publication du rapport annuel, l'augmentation de capital a été réalisée en anticipant cette perte de 1,7 milliard.
Parmi les activités abandonnées en 2012, la cession de DenizBank, en Turquie, s'est traduite par une perte de 801 millions d'euros, car son acquisition avait été conclue à l'apogée du marché turc. Le total des pertes sur cessions est de 1,6 milliard.
Le total de bilan s'élevait au 31 décembre 2012 à 357 milliards d'euros. À la suite de l'augmentation de capital, les ratios de solvabilité se sont établis à environ 20 %, ce qui est excellent. Dexia est une banque saine, au moins pour un temps.
Après une perte de 329 millions d'euros au premier trimestre 2013, nous pensons que le groupe s'oriente vers une perte d'environ 950 millions pour l'ensemble de l'année. Il faut rappeler que DMA a été cédée pour un euro à la SFIL alors qu'elle valait 1,5 milliard, et que Dexia Asset Management – DAM –, qui a également été cédée, réalisait un bénéfice de 100 à 120 millions d'euros par an. En contrepartie de ces deux sacrifices importants, nous n'avons pas eu à donner de garanties sur les actifs des 84 milliards cédés, ce qui a renforcé légèrement les ratios de solvabilité.
Par ailleurs, 86 % des actifs de la banque bénéficient d'une notation dite « investment grade », c'est-à-dire supérieure ou égale à BBB-. Les actifs les plus risqués aux États-Unis ont été vendus. Si Dexia peut être qualifiée de bad bank, ce n'est donc pas parce que ses actifs sont douteux, mais parce que l'on a oublié le passif. Notre tâche est de créer un passif, un financement, à partir des actifs, par le biais, par exemple, de pensions livrées – « repo ». Comme, sur les 14 % d'actifs restants, la moitié est proche de l'investment grade, il nous paraît sensé de piloter le groupe jusqu'à l'échéance des actifs plutôt que de vendre rapidement avec des pertes considérables – à condition, toutefois, que la marge pour porter ces actifs ne soit pas trop négative.
Le démantèlement de Dexia s'accompagne d'importantes opérations de désimbrication. Certains centres de compétence fonctionnaient pour l'ensemble du groupe ; après leur cession, il nous a fallu en importer ou en créer. Inversement, les sociétés vendues ont dû se déconnecter des centres de compétence que nous avons conservés. Cela s'est traduit, en France, par un plan social.
J'en viens à la trajectoire prévisible du groupe résiduel.
Lors de l'élaboration du plan de résolution, nous avons retenu différentes hypothèses en matière d'évolution des taux d'intérêt, des taux de change, de l'inflation, des marges de crédit et des financements garantis par les États. La nouvelle directive CRD IV, issue des accords de Bâle III, impose de nouvelles règles de solvabilité qui ont un grand impact sur le groupe. Nous en avons tenu compte. En revanche, nos prévisions ne pouvaient intégrer la taxe sur les transactions financières, qui n'était pas décidée à cette époque mais aura des conséquences importantes.
Le bilan diminuera fortement en 2013 du fait de la vente de DMA pour 91 milliards d'euros. Par la suite, l'amortissement naturel des actifs entraînera une diminution progressive, jusqu'à 150 milliards d'euros en 2020. La plupart des lignes de l'actif, très complexes, ne sont pas vendables aujourd'hui car les marchés considèrent que la marge sur le client – 42 centimes en moyenne – est insuffisante : ils attendent entre 100 et 250, voire 300 bp. Si nous voulons éviter des ventes à perte, il faut accepter que le bilan ne diminue que lentement, au rythme des échéances naturelles ou, s'il y a lieu, des échéances forcées prévues par des voies contractuelles.
Nous devons également financer les actifs, sachant que les financements de la Banque centrale européenne – BCE – se réduisent et que l'arrivée à maturité des financements coûteux souscrits dans les années 2008-2009 diminuera le prix du financement. La garantie des États nous est nécessaire car elle nous permet de diminuer le volume d'argent que nous devons trouver sur les marchés pour couvrir la marge de garantie – haircut – requise pour les pensions livrées.