Il ne faut pas oublier que notre première tâche est de boucler le bilan chaque jour, aussi bien en euros qu'en dollars, en yens et en livres sterling. Cela comporte des risques opérationnels, même si, depuis quelques mois, nous sommes autofinancés en dollars. Auparavant, nous étions obligés d'envoyer des euros aux États-Unis le matin pour les rapatrier le soir et boucler le bilan en euros la nuit !
Dans le cas du redressement d'une société, on a la liberté de faire de nouvelles affaires ou de créer de l'activité. Dans le cas de Dexia, au contraire, l'environnement est presque totalement figé, à l'exception du passif qu'il faut améliorer. Nous pouvons donc prévoir, en fonction de la disparition de certains crédits, une réduction progressive des pertes : 950 millions en 2013, un peu moins de la moitié en 2014, puis une nouvelle diminution de moitié en 2015.
Quant au ratio de solvabilité, qui donne une indication sur la nécessité ou non d'une augmentation de capital ultérieure, il devrait baisser considérablement en 2013 du fait de l'application des accords de Bâle III en matière de risk-weighted assets, ou « actifs pondérés par le risque ». Selon cette nouvelle grille de pondération et selon toutes les hypothèses que nous avons retenues, nous n'aurons toutefois pas besoin d'une augmentation de capital. Mais la réalité n'a pas toujours la gentillesse de suivre les hypothèses qu'on retient…
Le plan de sauvegarde se divise en deux phases. Jusqu'en 2017, nous ne pouvons qu'être très parcimonieux. Des ventes anticipées d'actifs à perte mettraient en danger le ratio de solvabilité. Après 2017, ce ratio devrait remonter et s'écarter du ratio de 8 % en dessous duquel la recapitalisation est nécessaire. Nous aurons alors un peu plus de marge de manoeuvre.
Le groupe étant très dépendant des taux, nous nous réjouissons que le taux d'intervention de la BCE ait diminué de 0,75 à 0,50 %. Cela représente pour Dexia une économie annuelle de 125 millions d'euros, puisque nous empruntons en moyenne 50 milliards.
Nous sommes également très sensibles aux variations de l'EONIA – euro overnight index average – et à celles du taux long à 10 ans, qui définit le besoin de garantie en trésorerie sur les swaps.
Enfin, une dégradation de la conjoncture économique ou du risque souverain de certains pays aurait un fort impact sur le groupe. Je crois que notre plan est sérieux et robuste, mais on ne peut exclure que la réalité s'écarte de nos prévisions.