Intervention de Amiral Édouard Guillaud

Réunion du 22 mai 2013 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées :

La date de cette audition est d'autant mieux choisie que ce matin même le général Barrera est venu me rendre compte de la fin de son mandat, le général Laurent Kolodziej lui succédant à la tête de la brigade Serval, et que j'ai reçu hier le général Foucaud, qui prendra dans trois semaines la relève du général de Saint-Quentin comme commandant de l'opération.

En tout état de cause, quatre mois et demi après son déclenchement et un mois après le vote du Parlement autorisant sa poursuite, il est intéressant de faire le point, avant de s'interroger sur les perspectives à court, à moyen et à long termes.

Des membres de la commission et vous-même, Madame la présidente, vous êtes rendus sur place et vous avez pu constater les particularités de la bande sahélo-saharienne. Vous avez aussi pu mesurer les conditions extrêmes auxquelles nos hommes sont confrontés – aujourd'hui, à Gao, il fait 45° à l'ombre !

Ces déplacements de parlementaires sur les théâtres d'opération sont nécessaires, je dirais même essentiels, non seulement pour vous, élus de la Nation, mais aussi pour nos troupes sur place. Votre présence témoigne en effet de l'attachement que vous leur portez et de la reconnaissance de la communauté nationale. Je tiens à ce propos à rendre hommage aux six militaires français morts au combat et à nos blessés – un peu plus de deux cents depuis le début de l'opération, étant entendu que j'inclus dans ce nombre les quelque 150 qui ont été victimes d'un « coup de chaleur ».

Mon propos s'articulera en trois parties. Je vous donnerai d'abord mon appréciation sur la situation en ce 22 mai et sur les perspectives immédiates qui s'en dégagent. Je vous indiquerai ensuite les premiers enseignements tirés de cette opération, avant d'évoquer pour finir les enjeux de nos futures interventions telles qu'on peut les envisager à la lumière du Livre blanc.

Il me faut commencer par rappeler quelques éléments de contexte ainsi que les objectifs fixés par le Président de la République. Vous le savez, notre intervention a été décidée au profit d'un État malien en situation de fragilité, qui ne contrôlait plus ses frontières depuis longtemps, laissant libre cours à toutes sortes de trafics. Les Nations unies estiment ainsi à treize milliards de dollars la valeur marchande de la drogue ayant transité en 2012 par le bassin sahélo-saharien, soit huit fois le budget de l'État malien. La situation politique laissée par Amadou Toumani Touré mêlait complaisance et corruption. L'État se montrait incapable d'apporter la moindre réponse aux attentes des populations du Nord, au moment même où de nombreux mercenaires touaregs rentraient chez eux après la chute du régime libyen.

C'est dans ce cadre que l'armée malienne a subi deux déroutes successives, au premier semestre de 2012, puis à partir de décembre dernier. Confrontée à des combattants aguerris, elle était mal commandée, rarement payée, mal équipée et affaiblie par des clivages internes. Elle s'est révélée dans ces conditions incapable de défendre la souveraineté de l'État, en dépit des actions de coopération menées de longue date, par nous-mêmes et par nos alliés.

Il faut également se souvenir que cette zone retenait notre attention depuis 2007, à cause des prises d'otages qui s'y sont produites – dix-huit en 2011 et six autres en 2012 –, dont onze ont concerné des Français. Face à cette situation, nous avons procédé à de nombreuses planifications de précaution, pour être à même de faire face à tous les cas de figure – sans pour autant envisager ce qui s'est passé précisément en janvier. Nous avons également mené des actions ponctuelles, avec un déploiement préventif de forces spéciales dans l'ensemble de la zone pour instruire les forces africaines. Enfin, dès 2009, le Gouvernement a établi un plan interministériel, dit « Plan Sahel », comprenant coopération, soutien militaire, aide à la justice et aide au développement.

Mais, de façon générale, jusqu'au 11 janvier, la France a privilégié l'action indirecte dans un cadre multilatéral où étaient mis en avant les Africains et leurs organisations régionales, au premier rang desquelles la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l'Union africaine, notre pays intervenant essentiellement en soutien.

Ce qui a déclenché notre engagement, c'est le « pas de trop » franchi par les groupes armés djihadistes – qui s'est révélé une erreur stratégique – lorsqu'ils ont cherché à sortir de l'Azawad « historique » et tenté de s'emparer de la ville de Mopti et, surtout, de la piste de Sévaré.

Les objectifs fixés par le Président de la République lors des conseils restreints de janvier étaient parfaitement clairs : stopper l'offensive vers Bamako et ainsi préserver l'existence d'un État malien ; détruire – ce qui signifie en langage militaire neutraliser 60 % des forces ennemies – et désorganiser la nébuleuse terroriste ; aider au rétablissement de l'intégrité et l'unité territoriales du Mali ; enfin, rechercher les otages, les nôtres en particulier.

Je vous rappelle brièvement l'enchaînement des opérations. L'avancée des groupes armés djihadistes a été bloquée dès le 11 janvier, premier jour de l'opération ; Gao a été reprise le 26 janvier, Tombouctou le lendemain, de sorte que les djihadistes ont été repoussés au nord du fleuve Niger ; à la fin de février, nous avons atteint la frontière algérienne avec la libération de la ville frontalière d'In Khalil ; le sanctuaire d'Al-Qaïda de l'Adrar des Ifhogas a été pris début mars, après des affrontements dont vous avez tous vu des images et qui se sont déroulés notamment dans la vallée de l'Amettetaï.

En quatre mois donc, l'offensive a été brisée. Il n'y a plus de sanctuaire djihadiste au Mali : 80 % de la logistique des terroristes a été détruite et ils ont été chassés des zones de peuplement. L'État malien a commencé à réinvestir le Nord. Enfin, il n'y a plus dans le Nord-Mali de zone où nous ne soyons allés, seuls ou accompagnés des forces africaines, au premier rang desquelles les Tchadiens et les Nigériens, mais sans oublier les Mauritaniens avec lesquels nous avons coopéré dans le Nord-ouest, en plein accord avec les autorités de Bamako.

Les nombreux défis que nous avons relevés méritent d'être soulignés, notamment ceux du temps, de l'espace – ou plutôt des espaces – et du climat.

Le temps tout d'abord. Notre réaction au déclenchement de l'opération a été, j'oserai le mot, fulgurante. En l'espace de quelques heures, nous avons traduit la volonté politique de la France en action militaire. La cadence de l'opération a également été extrêmement rapide : nous avons toujours conservé l'initiative sur l'adversaire ; nous avons pu reprendre leurs principaux points stratégiques avant la saison chaude, évitant ainsi l'enlisement que prédisaient certains.

L'espace a également constitué un défi, d'abord en raison de l'éloignement du Mali puisque Bamako se trouve à quatre mille kilomètres de Paris, ensuite en raison de la diversité d'un territoire où coexistent désert de sable au Nord-ouest, désert montagneux au Nord-est et savane désertique au Sud-est, le Sud-ouest étant mi-désertique mi-marécageux. Il s'agit enfin d'un espace immense : la distance de Bamako à Gao équivaut à celle de Paris à Brest mais, sans voie ferrée ni autoroute et par plus de 40 degrés, il faut dans le meilleur des cas trois jours pour la parcourir en l'absence de toute opposition.

Le troisième défi est celui du climat. Vous avez pu constater lors de votre déplacement à quelles conditions extrêmes nos troupes doivent faire face. Les combats de l'Adrar ont été livrés par une température de 45°. Chargé de trente kilos, chaque homme avait besoin de dix litres d'eau par jour. Comme ils étaient deux mille, ce sont donc vingt tonnes d'eau qu'il fallait acheminer quotidiennement, soit la capacité de deux avions C-130. D'autre part, dans les conditions météorologiques actuelles, un C-160 Transall ne peut transporter que vingt-huit passagers au maximum, contre soixante en plein hiver. Nos soldats ont tenu, non seulement parce qu'ils étaient bien entraînés, mais aussi parce que nous avons pu relever ce défi logistique.

Les actions politiques, diplomatiques et militaires ont toujours été en phase. Je voudrais mettre en exergue deux points en particulier. Le premier est connu et reconnu, et je l'avais déjà évoqué à propos de l'opération Harmattan : le processus décisionnel politico-militaire français est réactif grâce à une chaîne aussi courte que possible. Deuxièmement, nous avons bénéficié du soutien quasi immédiat de certains de nos alliés et partenaires.

J'en viens aux perspectives immédiates.

Conformément à la volonté exprimée par le Président de la République, nous avons commencé à réduire notre empreinte sur le théâtre. En effet, la poursuite des opérations ne nécessite plus le même niveau de forces ; d'autre part, la mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) a commencé à déployer ses 6 000 hommes, y compris dans le Nord, en attendant de se transformer, à partir du 1er juillet, en mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), d'effectif double, soit plus de 12 000 hommes.

L'État malien, quant à lui, s'est engagé dans un processus de réconciliation nationale : les administrations commencent à revenir dans le Nord du pays ; un médiateur agréé par toutes les parties a été désigné pour discuter avec toutes les populations, touarègues comme arabes, qui ne sont pas plus unies les unes que les autres. Enfin, il est maintenant quasiment certain qu'une élection présidentielle se tiendra le 28 juillet et le 11 août, juste après le ramadan. Comme l'a indiqué le Président de la République, c'est la vitesse à laquelle se déroulera ce processus qui dictera le niveau et la nature de notre présence.

La réconciliation a aussi besoin du financement de la communauté internationale et de l'implication des acteurs régionaux. De ce point de vue, on ne peut que se réjouir du succès de la conférence des donateurs de Bruxelles qui, le 15 mai, s'est achevée sur la promesse de 3,2 milliards d'euros de dons. Comme je vous l'ai dit, l'intervention au Mali n'a pas constitué une surprise en elle-même : seule la date et le facteur déclenchant nous étaient inconnus. Nous avions envisagé toutes les hypothèses, excepté que les trois groupes djihadistes lanceraient ensemble une offensive militaire en bonne et due forme.

Il est d'ores et déjà possible d'en tirer quelques enseignements militaires.

Tout d'abord, les forces armées françaises ont atteint un niveau d'efficacité exceptionnel, reconnu dans le monde entier : fortes de leurs engagements précédents, en Afghanistan, en Libye et en Côte d'Ivoire, où nous avions testé des modes d'action un peu nouveaux, elles ont démontré l'étendue de leur savoir-faire. Notre objectif est de le préserver dans le cadre de la future loi de programmation militaire.

Trois points ont été améliorés, et d'abord l'intégration interarmées jusqu'à un niveau élémentaire – ce que j'appelle les opérations combinées : lors de la bataille de l'Adrar des Ifoghas, les drones et des avions Atlantique 2 de la marine ont permis aux troupes au sol de bénéficier des appuis combinés de la chasse, des hélicoptères de l'aviation légère de l'armée de terre, l'ALAT, et de l'artillerie. Deuxièmement, le partage du renseignement « inter-agences », aussi bien entre nos services qu'avec nos alliés, est devenu plus fluide. Enfin, le processus de ciblage a été plus efficace, comme le prouve l'absence de dommages collatéraux.

Mais certaines lacunes capacitaires demeurent et n'ont pu être que partiellement comblées par l'aide de nos alliés. Le transport stratégique militaire tout comme le transport tactique ont été sous forte tension alors que c'est un élément clé sur ce type de théâtre. En matière de drones, nous avons certes déployé nos deux Harfang beaucoup plus tôt que prévu – alors qu'il était programmé de les faire venir à Niamey à partir de la fin de février, c'est-à-dire après l'aménagement d'une aire de stationnement en dur, ils ont été disponibles dès le 20 janvier –, mais cette capacité s'est révélée insuffisante, de sorte que le soutien de drones américains a été le bienvenu. Pour le ravitaillement en vol aussi, nous avons bénéficié de l'aide des États-Unis qui, aujourd'hui encore, mettent à notre disposition, en moyenne, trois avions par jour. Nous avons également eu recours à des ravitailleurs espagnols, britanniques et allemands. Enfin, je relève que nous ne disposons toujours pas d'hélicoptères lourds. En Europe, seuls les Allemands et les Britanniques en possèdent et ils sont tous d'origine américaine. Les Britanniques les mobilisent en Afghanistan tandis que les Allemands demeurent contraints par leurs règles d'engagement des forces. Ces appareils présentent l'avantage de conserver par forte chaleur une capacité de charge équivalente à celle d'un hélicoptère de type Cougar, ce qui nous suffirait.

Au-delà de ces enseignements strictement militaires, je tirerai trois leçons sur le plan stratégique.

La France conserve en Afrique une forte capacité d'influence, que nous devons et pouvons faire prospérer. C'est le général de Saint-Quentin, commandant de l'opération Serval, qui était responsable de la cellule de coordination avec les différents contingents africains. Cette responsabilité était attendue et même réclamée par nos partenaires africains, à tel point que les forces tchadiennes, dont je dois saluer l'engagement et le courage, ont demandé à être placées sous commandement français, comme les forces nigériennes d'ailleurs.

La capacité des forces africaines à se mobiliser est le second enseignement, et une heureuse surprise. En l'espace de deux mois, 6 000 hommes ont été déployés sur le territoire malien. Leur niveau opérationnel est certes hétérogène, leur équipement et la logistique associée sont défaillants, mais cet engagement rapide est une première et cette manifestation de bonne volonté doit être encouragée.

Enfin, l'aide militaire européenne a été globalement tardive. Des soutiens importants ont certes été obtenus, mais souvent dans un cadre bilatéral. Comme pour la Libye, les Britanniques, les Danois et les Belges ont répondu présents en moins de vingt-quatre heures et sans aucune restriction d'emploi. Le général Barrera me disait ce matin à quel point il avait été « bluffé » par le courage des pilotes danois, qui ont été envoyés jusqu'à Tessalit ou Kidal, ou des pilotes belges, qui ont fait du transport tactique dans des zones de combat. L'European Union Training Mission in Mali (EUTM Mali), la mission européenne de formation de l'armée malienne, forte de ses 550 hommes, est à pied d'oeuvre depuis le 1er mars, et aura formé d'ici au 8 juin le premier bataillon malien, l'objectif étant d'en former quatre au cours d'une première phase de douze mois.

Les combats d'ampleur terminés, les sanctuaires terroristes durablement détruits, s'ouvre aujourd'hui le temps de la stabilisation, tant militaire que politique, ce qui exige une approche globale, du point de vue géographique comme en ce qui concerne les domaines d'action.

Il faut « penser Sahel », et non pas se limiter au Mali. Le Tchad, le Niger et la Mauritanie doivent rester mobilisés, de même que l'Algérie, qui a fait preuve de bonne volonté – j'irai jusqu'à dire qu'une étape a été franchie. Enfin, nous ne devons pas oublier le Sud libyen.

Il faut également « penser réconciliation », et non pas uniquement élections, présidentielle en juillet et août, puis parlementaires en septembre et octobre. Enfin, il faut « penser développement » et non pas uniquement subventions. Le Mali ne doit pas devenir un trou noir comme l'est aujourd'hui le Sud libyen.

Cette intervention doit contribuer à notre réflexion sur les perspectives opérationnelles telles que les dessine le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale.

Celui-ci prend acte de la diversité des opérations. Le Mali est, comme l'ont été nos interventions en Afghanistan et en Libye ou encore la lutte contre la piraterie, l'une des manifestations de cette diversité. L'opération Serval entre aussi dans la catégorie de ce que le Livre blanc a appelé les engagements « probables ». Je note également que le volume des forces engagées au lancement de l'opération correspondait à celui de la future force interarmées de réaction immédiate, la FIRI.

D'autre part, pour cette opération malienne, la France a systématiquement recherché l'appui des forces locales et régionales, nécessité soulignée par le Livre blanc, afin d'éviter un engagement strictement national dans la durée, selon le principe « Premier entré, premier sorti ».

Troisièmement, l'opération Serval s'est appuyée sur une gestion dynamique des efforts et sur une certaine porosité entre les différentes fonctions stratégiques, ce qui est conforme aux principes de différenciation et de mutualisation prônés par le Livre blanc.

En revanche, si la combinaison de nos forces en interarmées a bien fonctionné, ce ne sera sans doute pas une mince affaire de réaliser la même chose avec nos alliés. En effet, j'ai pu constater la semaine dernière à Bruxelles que, si nos partenaires de l'OTAN et de l'Union européenne sont très admiratifs de ce que nous avons réalisé, ils doutent de pouvoir nous imiter. Il est vrai que ce savoir-faire qui est le nôtre est le fruit d'une expérience acquise au fil des années, depuis l'implosion de l'empire soviétique et le début des conflits balkaniques dans lesquels nous sommes intervenus.

Dans le Livre blanc de 2013, l'Afrique a retrouvé sa place. Nos partenaires européens commencent enfin à prendre en compte les enjeux de la stabilité de la zone sahélienne pour leurs intérêts de défense et de sécurité. Les Pays-Bas, par exemple, ont annoncé hier qu'ils participeraient à la deuxième génération de forces destinée à pourvoir aux effectifs de l'EUTM Mali, tant pour la protection des forces que pour l'équipe d'instructeurs. Une initiative aussi nouvelle de ce pays est bien la manifestation d'une prise de conscience. Je souhaite que le conseil européen de décembre, qui sera consacré à la défense, soit l'occasion d'une avancée sur le sujet.

Je voudrais enfin noter que nous avons dû notre rapidité d'action à deux atouts : le dispositif d'alerte Guépard, qui permet de disposer en permanence d'une compagnie pouvant être projetée en urgence immédiatement, et nos forces prépositionnées. Sans ces dernières, il aurait été impossible, même avec d'importantes capacités de transport stratégique, d'agir aussi vite, aussi fort et donc aussi efficacement. Le Livre blanc prend acte de cette nécessité de conserver plusieurs points d'appui en Afrique, sans indiquer combien, de façon à laisser assez de souplesse pour que nous puissions nous déployer aux endroits nécessaires.

Notre liberté d'action politique est directement liée à l'effort que nous consentirons en matière de préparation opérationnelle de nos forces. C'est en effet le niveau de cette préparation opérationnelle qui détermine notre rapidité de montée en puissance. Le maintien du niveau d'activité sera donc l'un des enjeux de la future loi de programmation militaire.

Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, quatre mois et demi après son déclenchement, nous pouvons dire que l'opération Serval est un succès militaire. C'est l'exploitation de ce succès qui permettra de restaurer la paix dans un Sahel enfin stable.

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