Intervention de Bernard Bigot

Réunion du 29 mai 2013 à 10h15
Commission des affaires économiques

Bernard Bigot :

J'aborderai plusieurs sujets. Premièrement, il est évident que nous avons des progrès à faire en matière d'efficacité énergétique. Nous rejetons en chaleur près de 140 millions de tonnes équivalent pétrole, soit ce que nous achetons en produits fossiles. La première source d'efficacité énergétique, c'est une meilleure utilisation de la chaleur produite. À titre d'exemple, une seule centrale nucléaire suffirait à assurer la totalité des besoins de chauffage de la ville de Paris : on pourrait donc très bien utiliser durant l'hiver cette chaleur d'origine nucléaire.

Deuxièmement, il convient d'optimiser l'utilisation des ressources énergétiques dans les procédés industriels et agroalimentaires, en insistant sur l'amélioration technologique.

Troisièmement, il est nécessaire de fournir un effort particulier dans la rénovation des bâtiments, ce qui touche à la fois aux matériaux utilisés et aux principes mêmes de construction. Pour ce faire, il nous faut notamment apporter une aide aux artisans : à titre d'exemple, si des murs et des châssis de fenêtre sont performants, mais pas la liaison entre les deux, dans ce cas, le retour sur investissement est nul voire négatif.

Quatrièmement, s'agissant des transports, un véhicule électrique se situe dans un facteur de rendement de niveau trois. L'efficacité d'un moteur électrique peut atteindre 94 % alors qu'un moteur thermique ne dépassera pas 15 ou 20 %. Même en prenant en compte un facteur divisant égal à trois lié au ration énergie primaire sur une énergie finale, le bilan énergétique est avantageux. Le développement de l'énergie électrique, d'origine nucléaire et renouvelable, est favorable à l'amélioration de l'efficacité énergétique. Alors que notre pays compte 36 millions de véhicules particuliers, il faudrait simplement augmenter de 15% notre production énergétique.

Cinquièmement, les énergies renouvelables n'en sont actuellement qu'à leur printemps. En somme, nous disposons de marges de progression considérables. Dans le domaine éolien, des améliorations significatives ont déjà pu être constatées. Dans le domaine du solaire, il reste de forts progrès à faire. Ainsi des panneaux photovoltaïques, puisqu'il nous est possible d'atteindre des rendements de 24 % alors que la moyenne se situe actuellement autour de 15 % Mais au-delà, le vrai défi, c'est la durabilité des équipements. Alors que certains équipements fabriqués en France il y a trente ans n'ont quasiment pas perdu leur rentabilité, d'autres produits, issus de pays que je ne nommerai pas, perdent déjà 7 à 8 % de rendement en trois années. Au-delà, il convient de développer le solaire thermique, notamment par le développement des dispositifs intégrés au bâti.

Sixièmement, il est impératif de développer le stockage local de l'énergie, car les énergies renouvelables produites localement devraient être utilisées localement. L'enjeu n'est pas la connexion au réseau de RTE, tant il est aberrant d'exporter le matin l'énergie qu'on devra importer le soir. Nous devons développer le stockage local pour une consommation locale. Même sans atteindre un taux de 100 %, nous réduirons les goulets d'étranglement sur les réseaux. Certains d'entre vous ont évoqué les échanges entre la France et l'Allemagne. L'Allemagne dispose de 30 gigawatt de puissance photovoltaïque installée, soit la moitié de la capacité du parc nucléaire français. Pourtant, l'an dernier, l'Allemagne a exporté tous les mois en France, faute de pouvoir stocker l'énergie produite. Cette exportation s'est en conséquence faite en valeur négative. C'est pour cette raison que la logique de réseau est essentielle. De plus, l'année dernière, le réseau a été saturé pendant 40% du temps sur 187 jours.

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