Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 11 juillet 2012 à 15h00
Questions au gouvernement — Politique générale

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Vous avez commencé à examiner le projet de loi de finances rectificative et nous sommes obligés de faire face à un budget sous-estimé, sous-financé, à une dette qui a augmenté de 600 milliards d'euros en cinq ans et qu'il nous faut réduire, à un déficit du commerce extérieur de 70 milliards d'euros qui reflète la difficulté dans laquelle se trouve notre industrie : 750 000 emplois supprimés dans l'industrie en dix ans ! Voilà la réalité ! Alors, de grâce, qu'on ne nous fasse pas la leçon ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Mais nous sommes là surtout pour contribuer au redressement du pays et les mesures que nous avons engagées, en premier lieu dans la loi de finances rectificative, vont dans cette direction. Je voudrais rectifier une erreur incroyable que vous avez essayé de propager : vous dites que nous avons engagé 20 milliards d'euros de dépenses dès cette loi de finances. (« Oui ! » sur les bancs du groupe UMP.) Comment pouvez-vous mentir ainsi, vous qui portez la marque d'une responsabilité prise il y a cinq ans exactement, lorsque vous avez fait voter, au mois d'août 2007, la loi TEPA qui s'est traduite par un prélèvement sur les ménages, les classes moyennes, les classes populaires, de 20 milliards d'euros, dont nous payons encore la facture ? Voilà la réalité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

La réalité, c'est que nous avons la mission de redresser les comptes publics de la France. Si ce n'était pas le cas, comment pourriez-vous croire que la France emprunte sur les marchés à des taux négatifs ? Cela veut dire que nos choix de politique budgétaire sont des choix responsables. S'agissant de nos priorités pour la loi de finances rectificative, je pense en particulier aux priorités dans le domaine de l'éducation, c'est la seule dépense supplémentaire, non de 20 milliards, mais de 800 millions d'euros entièrement financés, sans augmenter la charge de la dette ni les déficits. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Voilà ce que nous proposons aux députés de voter !

Vous nous parlez de prélèvements sur les ménages : où sont-ils ? Nous venons de prendre une décision, mesdames et messieurs les députés de l'opposition, celle de supprimer une mesure que vous avez votée et que vous avez voulu faire oublier : 12 milliards d'euros supplémentaires prélevés sur les ménages, les classes moyennes, les classes populaires, avec l'augmentation de la TVA. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Cette mesure, nous avons décidé de la supprimer, et ces 12 milliards, nous les rendons aux ménages.

C'est vrai, nous ne vous avons pas demandé d'être d'accord avec tout ce que nous proposons…Nous demandons un effort, non aux classes moyennes et aux classes populaires, mais à ceux qui sont les plus fortunés. C'est l'augmentation de l'ISF, que vous aviez scandaleusement diminué, rapporteur spécial. C'est un prélèvement sur les dividendes des très grandes entreprises. Ainsi, nous pouvons équilibrer notre budget, réduire le déficit à 4,5 % et avancer dans le sens de la justice et de la croissance, pour commencer à redresser le pays dans la justice ! (Mmes et MM. les députés du groupe SRC se lèvent et applaudissent longuement.)

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