Comme chacun sait, ces bacheliers généraux de qualité sont souvent d'une origine sociale qui n'est pas aisée.
D'autre part, nous courons le risque, ce faisant, d'ébranler un système de formation qui fonctionne bien et qui a fait ses preuves dans le temps : les BTS et les IUT, qui conduisent très majoritairement à une excellente insertion professionnelle.
Je n'insiste pas sur un autre défaut du texte : à l'heure où l'on renforce l'autonomie des universités, il peut sembler paradoxal que l'on donne aux recteurs la mainmise sur une partie des admissions en IUT, mais c'est un tout autre sujet, qui ne constitue pas, pour moi, le point majeur.
Je pense qu'il faut plutôt chercher une alternative utile, crédible et nourrie par une large réflexion. Je propose deux pistes : plutôt que d'imposer des candidats qui n'ont pas été recrutés parce que leur niveau ne semblait pas suffisant, mieux vaudrait prévoir l'obligation de mettre ces candidats en situation d'avoir un meilleur niveau. Il faudrait que, dans le cadre de leur contrat pluriannuel, les universités, en tenant compte de leur autonomie, mettent au point des filières courtes de réussite spécialement adaptées aux bacheliers technologiques et professionnels, qui manquent terriblement aujourd'hui.
Ces filières courtes donneraient accès à des diplômes professionnalisants, de nature à leur permettre une véritable spécialisation et une bonne insertion professionnelle. J'avais déposé un amendement en ce sens, mais il est tombé, semble-t-il, sous le coup de l'irrecevabilité, pour charges financières supplémentaires.
Quoi qu'il en soit, il faudrait même aller au-delà de la création de ces nouvelles filières courtes et réfléchir à la qualité des formations en amont. Si l'on veut que les bacheliers technologiques réussissent mieux dans l'enseignement supérieur, il faudra bien, un jour, poser la question de l'élévation de leur niveau de formation générale dans le secondaire, quitte d'ailleurs à diminuer éventuellement le nombre d'heures de technologie. C'est à cette réflexion plus large que je vous appelle.
En résumé, je crois qu'il ne faut pas porter atteinte à une filière qui a du succès, mais créer une autre filière qui ait elle aussi du succès, en s'en donnant les moyens et en allant chercher ces moyens en amont. C'est pour ces raisons que j'avais proposé un amendement, qui ne pourra pas passer, puisqu'il a été déclaré irrecevable, et sur le sort duquel, de toute façon, je ne me faisais pas trop d'illusions.
Mais je tenais pour utile, et même, j'ose le dire, pour important, qu'une voix se réclamant du courant progressiste appelle cette assemblée à une réflexion sur la réussite des formations courtes : il importe de ne pas altérer un système qui aide déjà des bacheliers moins favorisés et qui est, en lui-même, un succès.