Jérôme Guedj et moi sommes en effet parvenus à cet amendement commun. C'est un amendement symbolique, mais très important. Depuis des années, par Bourdieu par exemple, nous savons qu'il existe une sorte d'autocensure sociale naturelle : de bons, voire de très bons élèves ne vont pas dans les filières sélectives, soit qu'ils en ignorent l'existence, soit qu'ils pensent que ce n'est pas possible – ou, s'ils ont osé poser la question, qu'on leur ait répondu que ce n'était pas pour eux.
Il y a des exceptions, et Jérôme Guedj et moi en faisons d'ailleurs partie : nous avons pu intégrer des filières sélectives et de très grandes écoles, mais en étant conscients d'avoir été des exceptions.
Les politiques proactives qui sont menées depuis des années sont plutôt le fait d'établissements comme l'Institut d'études politiques de Paris, ou celui de Bordeaux en partenariat avec la région Aquitaine, qui recrutent dans les zones urbaines sensibles et dans les territoires ruraux périphériques.
Avec cet amendement, nous vous proposons d'aller plus loin et, comme le dit Jérôme Guedj, d'ouvrir un droit de la République. Ce serait un dispositif fort, parce que symbolique et facile à mettre en place. Concrètement, une fois les résultats du baccalauréat publiés, le rectorat pourrait vérifier si les meilleurs élèves de chaque lycée ont choisi une filière sélective. Il y a effectivement 150 lycées qui n'envoient personne en classe préparatoire, et on a du mal à être convaincu qu'aucun de leurs élèves n'en a la capacité ! Il faut donc rappeler cette possibilité aux bons élèves qui n'ont pas fait ce choix.
La procédure est assez simple. Elle pourrait passer par le rectorat. Il suffit de demander aux élèves s'ils savent qu'ils ont ce droit ! Ils peuvent bien sûr décliner, pour diverses raisons, mais il nous semble fondamental de poser la question – et ce d'autant plus qu'environ 7 000 places en classe préparatoire n'ont pas été pourvues en 2012.
Cet amendement a évolué. La première rédaction de Jérôme Guedj ne concernait que les classes préparatoires, alors que nous voulons élargir le dispositif à toutes les filières sélectives, malgré les difficultés d'application que nous avons largement évoquées avec Sandrine Doucet notamment. Nous pensons que la mesure ne doit pas s'adresser qu'à certaines filières mais à tous les meilleurs élèves, notamment ceux des bacs professionnels et technologiques.
Tel est le sens de cet amendement.