Intervention de Geneviève Fioraso

Séance en hémicycle du 22 mai 2013 à 15h00
Projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche — Présentation

Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

De nombreux articles vont améliorer la réussite étudiante.

Quelques indicateurs démontrent l'urgence de changements radicaux. Cinq ans après le lancement d'un plan de 730 millions d'euros censé améliorer la réussite en licence, j'ai constaté, tout comme la Cour des comptes, que le taux d'échec de nos étudiants en premier cycle s'était dégradé de cinq points. La situation est grave : seuls 33 % de nos étudiants réussissent leur licence en trois ans et 40 % en trois et quatre ans, contre 60 % en Allemagne, dans des filières non sélectives – à comparaison égale donc.

Nous nous sommes fixé un objectif global : celui d'amener 50 % d'une classe d'âge à un diplôme du supérieur, alors que ce taux est de 43 % si l'on prend en compte les qualifications bac + 2 et de 37 % pour les bac + 3.

Depuis cinq ans, le chômage des jeunes augmente de façon inacceptable : à plus de 25 %, il touche particulièrement les jeunes sans qualification et sans diplôme, le plus souvent issus de familles modestes. L'élévation du niveau de formation des jeunes, la démocratisation, en baisse elle aussi, de l'accès aux formations du supérieur et la mise en adéquation de ces formations avec le marché du travail sont donc des objectifs prioritaires. Pour les atteindre, le projet de loi pose dès à présent le cadre d'une réforme globale du cycle licence, qui fera aussi l'objet de mesures réglementaires, adaptées à chaque profil d'étudiant.

Pour y parvenir, il faut d'abord agir sur l'orientation, à plusieurs niveaux. J'ai évoqué les taux d'échec moyens élevés en licence. Mais les bacheliers professionnels et technologiques, qui se retrouvent trop souvent par défaut à l'université faute d'être acceptés dans leurs filières naturelles, sont encore bien en dessous de cette moyenne : 3,5 % de réussite en licence pour les bacs pros et 9,5 % pour les bacs technos.

C'est d'autant plus intolérable que ces jeunes sont souvent issus de familles modestes pour lesquelles l'investissement dans les études, en dépit des bourses, demande beaucoup de sacrifices. C'est le sens de l'orientation prioritaire, inscrite dans la loi, des bacs pros en STS et des bacs technos en IUT. Les IUT, parfois inquiets – je les ai entendus comme vous, et je l'ai vu à nouveau dans vos amendements – peuvent être rassurés par les excellents résultats des bacs technos qu'ils accueillent : 68 % de réussite en moyenne au DUT, taux proche de la moyenne générale, qui dépasse 70 %. Je les assure de ma reconnaissance et de mon soutien.

Améliorer l'orientation passe aussi par un accompagnement renforcé des jeunes entre le lycée et l'établissement d'enseignement supérieur, pour qu'ils deviennent acteurs de leur orientation au lieu, trop souvent, de la subir. C'est l'objet des articles 17 et 18, qui posent pour la toute première fois ce principe de continuité entre les niveaux d'enseignement.

Avec Vincent Peillon et George Pau-Langevin, nous avons initié en parallèle le projet « bac - 3, bac + 3 » qui prépare les lycéens à l'admission post-bac – APB – que beaucoup découvraient sans y être préparés l'année du bac. Il s'agit de mettre fin à une orientation qui voit aujourd'hui tout se jouer en trois clics et qui, une fois de plus, pénalise les plus modestes. J'ai appris récemment qu'il s'était créé un nouveau métier : celui de coach privé pour aider les familles à s'orienter dans les méandres du système APB. Le service public de l'éducation doit certes générer des emplois, mais pas de cette manière ! Il faut adapter notre système aux jeunes, alors que c'est l'inverse aujourd'hui.

La complexité vient aussi du foisonnement de l'offre de formation : 2 400 licences professionnelles, 1 300 licences générales, 7 700 masters si l'on additionne mentions et spécialités et près de 10 000 si l'on ajoute ceux des écoles. Plus personne ne se retrouve dans un tel maquis et, une fois encore, ceux qui ne disposent pas des réseaux de décryptage sont les premières victimes.

Les articles 20 et 21 doivent nous aider à réduire significativement le nombre d'intitulés afin d'améliorer la lisibilité de l'offre pour les étudiants, leurs familles et les employeurs et renforcer notre attractivité à l'international.

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