D'autant que la loi prévoit – nous avons travaillé sur cette dimension en commission – d'encadrer les cours en langue étrangère en les conditionnant à des conventions avec des universités étrangères ou des programmes européens, en offrant systématiquement un apprentissage du français et en prenant en compte le niveau en français pour l'obtention du diplôme.
Nous élargirons ainsi le rayonnement de notre culture car la francophonie ne se réduit pas à une langue : c'est aussi une culture, ce sont aussi des valeurs, comme le rappelle souvent le secrétaire général à la francophonie, Abdou Diouf, avec qui je me suis entretenue récemment.
Ce sont ces valeurs, cette culture et l'apprentissage de notre langue que nous transmettrons en accueillant ces étudiants au lieu de les rejeter. Ce seront ensuite les meilleurs ambassadeurs de notre pays.
Réciproquement, nos étudiants pourront bénéficier de quelques enseignements en langue étrangère, ce qui facilitera leur insertion professionnelle. Donnons-leur cette chance supplémentaire. Ne la réservons pas aux élèves des écoles !
Parallèlement, le grand continent qui s'éveille à la croissance économique, celui dont nous sommes le plus proches, c'est l'Afrique. Yamina Benguigui et moi renforçons les liens avec le Maghreb et les pays d'Afrique subsaharienne pour mieux accueillir leurs étudiants, qui représentent aujourd'hui 55 % des étudiants étrangers en France – ils sont 290 000 au total – et pour installer, à leur demande, des formations dans ces pays afin d'équilibrer nos relations.
Nous sommes un grand pays. Nous devons être ouverts à toutes les cultures, nous devons être à l'offensive. C'est de cette façon que nous défendrons le mieux notre langue, nos valeurs et notre propre richesse culturelle.
Nous allons débattre de ces sujets, dans un climat je l'espère serein et respectueux des opinions des uns et des autres.
Pour terminer, je veux vous dire que je sais les difficultés que connaissent les personnels – enseignants, chercheurs d'une grande compétence, mais aussi agents administratifs et techniques, dont le rôle est trop souvent mésestimé.
La situation de nombreux agents a été dramatiquement fragilisée. J'engagerai dans les prochaines semaines des discussions préliminaires pour définir un agenda social. Nous mettons en place un plan de résorption de la précarité en titularisant 2 100 personnels par an pendant quatre ans à l'université et nous avons demandé aux organismes de trouver le bon équilibre entre la titularisation des personnels en place et la nécessaire ouverture de postes pour les jeunes chercheurs. Cette loi ne pourra pas régler en quelques mois l'ensemble des problèmes accumulés depuis dix ans mais les moyens nouveaux dégagés pendant tout le quinquennat – 5 000 emplois – et les priorités que nous nous sommes fixées permettront de réformer en profondeur et dans la durée.
Ce projet de loi fixe un cap et veut redonner du souffle, de l'élan, de la confiance à l'enseignement supérieur et à la recherche dans notre pays. Notre potentiel est immense, dans nos établissements, nos laboratoires, parmi nos enseignants, nos chercheurs et tous les personnels qui font vivre notre service public. Oui, le monde que nous connaissons est en pleine mutation. Oui, la France doit faire face à des changements rapides et profonds, dictés par une géopolitique nouvelle qui nous lance des défis sociaux, environnementaux ou économiques tout à fait inédits. Oui, le Gouvernement a engagé le redressement national. Oui, tous ces défis, nous les prenons à bras-le-corps. Et nous pouvons y parvenir et construire en même temps l'avenir de notre jeunesse, celle d'aujourd'hui et celle de demain.
Ce projet de loi, qui concrétise un énorme travail collectif, est tout entier tendu vers cet objectif, vers une société de progrès fondée sur la formation, la recherche et les valeurs d'universalité et d'humanisme qui les habitent.