Et ne nous dites pas que l'université est la victime collatérale de la crise. En 2009, au coeur de la déflagration économique la plus forte que nous ayons vécue depuis dix ans, nous avons continué de faire clairement le choix de l'avenir en augmentant les budgets des universités.
Aujourd'hui le choix de votre Gouvernement est tout autre : l'université n'est plus sanctuarisée, l'université n'est plus une priorité.
Cette loi en est la dernière illustration. L'université, c'est le lieu du progrès. Mais cette loi n'est pas un progrès, c'est une régression.
Régression, que de ne pas ouvrir davantage la gouvernance des universités sur le monde. Au lieu de donner davantage de poids aux personnalités extérieures du conseil d'administration, qu'elles soient issues du monde économique ou académique, françaises ou étrangères, vous donnez plus de place aux syndicats. C'est priver la gouvernance des universités du regard neuf qui lui permettrait de se remettre en cause en permanence pour progresser.
Régression, que de refuser d'assumer un pouvoir collégial fort, celui du conseil d'administration et de son président, capable de décider et d'agir. Votre refus d'établir une ligne de partage évidente entre les compétences du conseil d'administration et celles du conseil académique, qui seront présidés par des personnalités rivales, va logiquement conduire à neutraliser les deux instances et à paralyser les universités.
Régression encore, et grave entorse au principe même de l'autonomie, que de vouloir marier de force des établissements qui ne le souhaitent pas dans des communautés d'universités. Faut-il vous rappeler que l'autonomie, c'est la liberté, pas la contrainte ?
Régression toujours, que de supprimer une agence d'évaluation dont il fallait au contraire élargir les missions.
Régression, enfin, que de ne pas aller plus loin dans l'orientation active des étudiants, seul levier efficace pour lutter vigoureusement contre l'échec en licence.
Le président Hollande avait affirmé placer la jeunesse au coeur de son projet : où est la priorité pour la jeunesse dans ce projet de loi ? En quoi va-t-il apporter une réponse aux 45 000 jeunes chômeurs supplémentaires depuis que vous êtes arrivés au pouvoir ?