Nous avions fait une loi d'ouverture, vous faites une loi de repli.
Nous avions fait une loi d'autonomie, vous faites une loi de contraintes.
Nous avions fait une loi de confiance, vous faites une loi de défiance.
Il aura fallu près de quarante ans pour donner un véritable contenu aux objectifs d'autonomie et d'ouverture, pourtant inscrits dans le projet d'un ministre dont notre assemblée conserve le précieux souvenir, Edgar Faure.
Oui, la loi LRU méritait d'être améliorée. Mais elle aurait dû l'être dans le sens d'un acte II de l'autonomie, non dans celui d'un retour en arrière.
Nous savons quelles orientations iraient vers une nouvelle étape de l'autonomie.
L'acte II de l'autonomie, ce serait d'abord ouvrir encore davantage les universités sur le monde en prévoyant que la moitié des membres des conseils d'administration soient extérieurs à l'établissement : des enseignants, des chercheurs, des entrepreneurs, des Français, des Européens, des étrangers, pour faire en sorte que le coeur des universités batte au même rythme que la science mondiale.
L'acte II de l'autonomie, ce serait aborder de front la question de l'échec étudiant avec des idées neuves.
D'abord, avec la mise en place d'une procédure transparente et assumée d'orientation sélective : aux universités autonomes de conduire les étudiants vers les filières où ils ont de réelles chances de réussir. Au recteur, chancelier des universités, de garantir in fine à chaque bachelier une poursuite d'études dans l'enseignement supérieur.
Ensuite, avec la généralisation des formations adaptées aux différents profils d'étudiants : ceux qui réclament davantage de suivi pour l'acquisition des savoirs, ceux dont l'aisance doit être valorisée par le développement des doubles cursus. Pour tous, systématiser les formations professionnalisantes, gages d'une meilleure insertion sur le marché du travail.
Sur la question de l'apprentissage enfin, dont vous voulez faire un cheval de bataille, je vous avertis que ce n'est pas nous qu'il va falloir convaincre : ce sont vos amis présidents de région socialistes qui, depuis des années, et par idéologie, refusent obstinément de développer l'apprentissage à l'université. Ce sont eux qui financent.
L'acte II de l'autonomie, ce serait enfin franchir une nouvelle étape dans l'évaluation en confortant l'AERES. Il faut élargir ses missions à la certification des statistiques d'insertion professionnelle des universités et à l'évaluation des formations professionnelles dispensées hors de l'université, et parfois en concurrence avec elle.
Ouverture, orientation sélective, professionnalisation, évaluation, voici les étendards de l'acte II de l'autonomie ! Sortir de ce chemin revient à dilapider en quelques mois ce qu'il a fallu des années à construire, ce qui a été construit avec et par la communauté universitaire elle-même.