Cet amendement tend à revenir à la version initiale du projet de loi, en ouvrant des concours réservés aux titulaires d'un doctorat dans les seuls cas où les besoins du service public et la nature des missions des corps des fonctionnaires le justifient, sans prendre une mesure générale.
L'insertion des docteurs est l'une des préoccupations du Gouvernement sur laquelle il souhaite faire preuve de volontarisme. Nous manquons aujourd'hui de chercheurs alors même que, paradoxalement, les jeunes doctorants, les « post-docs », mettent beaucoup trop de temps à s'insérer professionnellement, que ce soit dans le secteur public ou privé. Nous voulons faire reconnaître par le secteur privé le titre de « docteur » qui ne l'est pas aujourd'hui, alors qu'en Allemagne, ce titre est non seulement reconnu, mais il est dit et proclamé. Être ingénieur docteur en Allemagne signifie vraiment quelque chose. Disant cela, j'anticipe sur un prochain amendement qui n'aura pas qu'une valeur symbolique. J'aurai l'occasion de le répéter.
Il s'agit également de faire reconnaître dans la haute fonction publique d'État mais aussi, à terme, dans la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière, ce plus haut grade de la formation et de la recherche universitaires de notre pays. C'est un combat dont vous pouvez imaginer les difficultés. Ne croyez pas que la prudence apparente du Gouvernement dans cet amendement soit en contradiction avec sa très forte motivation et détermination : il vaut mieux parfois être prudent dans la forme mais faire preuve de volontarisme avec les interlocuteurs qui sont en mesure de faire évoluer ou de bloquer la situation. Cette mesure serait très bénéfique pour un pays comme le nôtre où, comme l'a très bien écrit un universitaire étranger dans un ouvrage fort intéressant, le recrutement de nos élites, c'est un cas unique, se fait sur une assiette très réduite. Les raisons sont liées à notre système dual historique qui a ses qualités mais qui présente aussi des inconvénients dans un monde aux évolutions très rapides où la créativité, l'interdisciplinarité, les échanges sont indispensables pour s'adapter aux mutations, voire les anticiper. L'emploi, l'environnement, le climat social, la capacité de dialoguer peuvent en subir les conséquences. Notre pays n'est finalement pas très bien armé car les cultures, par grands domaines, au niveau décisionnel, sont quelque peu monolithiques, en tout cas pas suffisamment mélangées. Qu'il s'agisse de la recherche, de l'administration publique, du management, comme du domaine intellectuel, c'est toujours aux intersections entre les cultures que naît la créativité et qu'émergent les idées nouvelles dont nous avons cruellement besoin.
Voilà l'état d'esprit qui préside à cette volonté de faire davantage reconnaître la fonction de docteur dans notre société, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. La détermination de ce Gouvernement est forte, nous sommes soutenus par le Président de la République…