J'ai déjà évoqué l'importance que j'accorde au développement de l'alternance avec comme objectif un doublement d'ici à 2020. Il y a déjà des universités, pas forcément dans des environnements économiques particulièrement privilégiés – je pense à Villetaneuse ou à Marne-la-Vallée –, qui ont des taux d'alternance extrêmement élevés, dépassant même les 20 % pour certaines. C'est important pour l'insertion professionnelle réelle sur le terrain puisque celle-ci est alors multipliée par un facteur considérable. L'alternance ouvre concrètement les universités sur leur écosytème économique. J'ai constaté sur le terrain que des embauches de jeunes en langue étrangère appliquée par une entreprise comme EADS n'auraient jamais eu lieu s'il n'y avait pas eu l'alternance.
Mais l'alternance, et c'est encore plus vrai pour les stages, doit être intégrée dans un parcours de formation et avoir une justification pédagogique. Le lien entre l'alternance et la qualification doit être totalement avéré. J'ai constaté, et vous aussi certainement, madame la députée, qu'il y a parfois des stages qui se situent en fin de formation voire en dehors de toute formation, et on peut alors dire que ce sont des stages-appâts, des leurres, ou qu'ils visent à retarder le moment de l'embauche d'un diplômé à qui l'on pourrait parfaitement proposer un véritable emploi.
Je fais une intervention assez globale, ce qui devrait m'éviter de réintervenir sur chaque amendement : dans le cadre des stages, nous veillons à ce que la durée ne soit pas trop importante et que le stage ne se substitue pas au contrat de travail. On ne doit pas demander à un stagiaire en formation de tenir des fonctions d'encadrement ou de maîtrise alors que c'est parfois le cas aujourd'hui. Nous n'avons pas intégré à ce stade l'ensemble des dispositifs de stage dans le texte parce que mon collègue Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social va présenter très prochainement un projet de loi qui en traitera lorsque lesdits dispositifs sont directement liés au code du travail et aux négociations sociales en cours. Notre gouvernement, vous le savez, a privilégié la méthode du dialogue social, ce qui va faire progresser globalement notre pays. C'est tout de même une grande première en France et un changement culturel très important auquel mon ministère s'intéresse également parce qu'il concerne les jeunes formés au sein des établissements d'enseignement supérieur. En conséquence, je défendrai au cours de nos débats des amendements qui portent précisément sur le domaine de compétences de l'enseignement supérieur et de la recherche. Mais le travail que je mène sur ce sujet est totalement coordonné avec celui de mon collègue Michel Sapin, nos cabinets et nos services collaborent bien évidemment en bonne intelligence. Tel est le cadre général du travail politique que mène mon ministère.