Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 5 juillet 2012 à 14h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

La réduction des effectifs de la défense jusqu'à la fin de l'actuelle loi de programmation militaire porte sur 54 923 postes, ni plus ni moins, je le répète. Je n'anticipe pas sur le format des forces de la prochaine LPM : il appartiendra à la commission du Livre blanc d'évaluer la situation dans sa totalité, en incluant donc les missions réservées à nos forces, celles que nous ferons en mutualisation et celles que nous ne ferons pas. La donne change. Je l'ai déjà dit ailleurs qu'ici : nous devons viser un ensemble de défense cohérent et il appartiendra à la commission du Livre blanc d'évaluer les choix à faire. Rien ne serait pire que le saupoudrage. Nos forces doivent être entraînées : à quoi sert-il d'avoir de nombreux soldats s'ils ne sont pas performants ? Je suis soucieux de la condition opérationnelle de nos forces, qu'il s'agisse des soldats ou des matériels.

En ce qui concerne le Royaume-Uni, Lancaster House a validé une douzaine de sujets de coopération. Notre collaboration dans le domaine nucléaire est efficace, même si je crains des résistances sur le plan financier. J'ai rencontré mon homologue britannique à Chicago : il ne s'est pas opposé à ma proposition d'étendre la collaboration dans le domaine des forces conventionnelles à trois, voire à quatre partenaires dans certains domaines. Nous devons être pragmatiques, du fait que, depuis de nombreuses années, notre relation avec les Britanniques repose sur la solidarité dans le combat, ce qui crée des liens, de la fidélité et de la compréhension dans les échanges. C'est toutefois resté insuffisant jusqu'à présent pour passer à la mutualisation des objectifs capacitaires bien identifiés à Lancaster House. J'entends de plus animer les deux cadres de collaborations – Lancaster House et Weimar – de concert, car ils ne sont pas contradictoires à mes yeux. La France est le seul pays à être engagé dans les deux processus. Les Italiens eux aussi sont demandeurs d'une coopération plus approfondie, d'autant que leur industrie de défense est loin d'être négligeable, sans oublier les Polonais et les Espagnols.

Notre pragmatisme doit avoir un objectif : construire l'Europe de la défense. Les Allemands et les Italiens viennent de faire des déclarations en ce sens, tandis que les Britanniques se refusent complètement à la création d'un état-major opérationnel européen, alors que les Américains y seraient favorables.

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