Je suis très attaché à la discussion et à la concertation, monsieur Nauche. J'ai reçu toutes les organisations syndicales, plus d'une heure chacune, et je rencontrerai demain pour la première fois le Conseil supérieur de la fonction militaire.
À l'issue des entretiens que j'ai menés, je vois deux sujets de préoccupation. Le premier est la manière dont se constituent ou se sont constituées les bases de défense. Les choses se passent plus ou moins bien et je relève un problème de lisibilité globale. Je me rendrai sur le terrain pour me rendre compte de la situation.
Le second est la crainte d'un fossé croissant entre civils et militaires. Je sens des tensions potentielles, que je n'imaginais pas auparavant. Or l'esprit de défense doit être unique. Je vais m'atteler à régler ce problème.
La politique industrielle de défense est un sujet en soi, qui mériterait qu'on s'y attarde plus longuement.
Mon constat est le suivant : si nous ne parvenons pas à valoriser notre potentiel industriel de défense par des partenariats intelligents et structurants à moyen terme, si nous ne prenons pas les initiatives qui s'imposent, nous risquons de perdre notre ingénierie et notre savoir-faire. Dans le contexte de réduction des budgets de défense, y compris du budget américain qui diminue de 497 milliards de dollars, notre industrie de défense risque même de disparaître. Je serai donc extrêmement vigilant.
Une seule initiative a été prise au cours des cinq dernières années : la constitution du groupe Safran. Nous devons en prendre d'autres, sous peine de marginalisation.
C'est un sujet central pour notre souveraineté, pour l'emploi, pour la recherche et l'innovation, tant civile que militaire, dans la mesure où il s'agit de technologies duales.