Il y a un peu plus d'un an, le projet de fermeture du site d'Aulnay était déjà dans les cartons de PSA. Le groupe nous a donc menti pendant plus d'un an en nous affirmant le contraire. Au mois de juillet dernier, nous avons appris l'existence d'un plan social, qui ne concerne pas uniquement le site d'Aulnay et devrait entraîner la suppression de 8 000 postes.
Notre organisation syndicale participe aux comités d'entreprise des différents sites du territoire, aux comités centraux d'entreprise et au comité de groupe européen de PSA. Et nous nous doutions bien que la situation n'était pas au beau fixe. Mais comment le groupe en est-il arrivé là ?
Nous ne sommes pas des spécialistes, mais certaines erreurs stratégiques méritent d'être dénoncées.
Il y a quelques années, M. Jean-Martin Folz a tenu à porter notre capacité de production à 4 millions de véhicules par an, ce qui s'est traduit par une surcapacité potentielle dans les usines.
Aujourd'hui, nous pouvons nous interroger sur le bien-fondé de la stratégie qui a été retenue, à savoir la montée en gamme des véhicules. Au moins à titre personnel, je ne vois pas comment il est possible de vendre des véhicules haut de gamme dans un pays qui se paupérise. Par ailleurs, s'agissant de ces modèles, les Allemands ont une bien meilleure image de marque que la nôtre et il nous faudra quelques années pour inverser la tendance. Enfin, les véhicules haut de gamme se vendant surtout à l'international, à des volumes d'ailleurs moindres, l'entreprise n'aura-t-elle pas tendance à les produire en dehors du territoire ? Nous attendons que Secafi Alpha nous apporte des réponses à ces questions relatives à la stratégie du groupe.
Reste que pour le moment, nous sommes socialement en état d'urgence. PSA envisage de licencier 8 000 salariés et de fermer le site d'Aulnay en 2014. Mais pourquoi 8 000 et pourquoi 2014 ? Nous ne le savons pas. C'est une des raisons qui ont amené la CFTC à se positionner très clairement, avec l'ensemble des autres organisations syndicales, en faveur de l'expertise de Secafi Alpha.
M. Montebourg avait demandé, en parallèle, un rapport d'expertise à M. Emmanuel Sartorius. Mais avec tout le respect que j'ai pour lui, M. Sartorius n'est pas un expert, même s'il est un ingénieur des Mines très compétent. Qui plus est, il n'a pas eu les moyens de faire une expertise fine. Il n'a pas ouvert les livres de comptes de Peugeot, se basant sur les résultats mis sur la place publique par une entreprise du CAC 40. Il a rencontré M. Philippe Varin et M. Thierry Peugeot et s'est contenté de reprendre les documents présentés lors des CCE du groupe PSA. Nous avons été d'autant moins surpris du résultat que, je vous l'ai déjà dit, nous étions conscients que le groupe se trouvait dans une situation plutôt critique.
Nous attendons que Secaphi Alpha, dont c'est le métier, nous dise si l'état financier du groupe PSA justifie les mesures annoncées – nombre de licenciements, choix de la fermeture d'Aulnay et date de cette fermeture. Nous avons décidé que nous ne discuterions qu'à partir du moment où nous disposerions des résultats de cette expertise. Avant de prendre des remèdes, il faut avoir un diagnostic. Nous attendons donc le diagnostic de Secafi Alpha pour savoir quelle réponse apporter au mal dont souffre PSA. C'est la moindre des choses.
Bien sûr, le temps presse. Mais des salariés et des familles sont concernés et nous n'avons pas le droit d'aller plus vite que la musique. Ç'eût été différent si PSA n'avait pas attendu un an pour avouer que le groupe rencontrait des problèmes.
Je terminerai en ayant une pensée particulière pour les salariés du site de Rennes, dont on ne parle pas mais dont le reclassement risque d'être encore plus difficile que pour les salariés de la région parisienne, en raison de la situation du bassin d'emploi de l'Ile-et-Villaine. Ne nous focalisons donc pas sur la seule usine d'Aulnay. Le problème que rencontre PSA est global, et il doit être traité de manière globale.