Intervention de Christian Lafaye

Réunion du 26 septembre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Christian Lafaye, représentant FO :

J'ai trente-sept ans d'ancienneté dans le groupe. Or c'est la première fois que je vois une situation pareille. Nous n'avons plus à nous interroger : PSA est vraiment malade !

Le groupe PSA, c'est environ 40 % des véhicules vendus en Europe et produits en France : 95 % des organes mécaniques (moteurs et boîtes de vitesse) fabriqués en France ; 25 usines en France, et à peu près 100 000 salariés.

Aujourd'hui, 10 % des effectifs risquent d'en sortir. Il est impératif de les accompagner, pour qu'aucun ne se retrouve sur le bas-côté. Cela étant, si rien n'est rapidement fait, les 90 % qui resteront seront plongés dans l'incertitude, s'agissant de leurs emplois.

On dit que la faute en revient à la crise. Cela n'est vrai qu'en partie : dans les dix dernières années, la stratégie de notre groupe a été plutôt médiocre.

PSA a contracté auprès de l'État un emprunt de 3 milliards, qu'il a remboursé par anticipation mais qui lui a coûté 300 millions d'intérêts. Il a investi trop tardivement en Russie, allant jusqu'à y perdre 4 000 euros par véhicule. Il devra attendre plusieurs années avant d'espérer un retour sur investissement.

Nous pouvons également déplorer des rachats d'actions, des distributions de dividendes – qui avoisinent le milliard ; des investissements dans les véhicules 4x4, avec Mitsubishi ; l'arrêt de la collaboration avec BMW ; l'arrêt de la production de la 1007, véhicule petit modèle.

On peut imputer ces erreurs stratégiques à 0,01 % des effectifs de PSA. En effet, les salariés qui sont sur les chaînes, les techniciens et les agents de maîtrise ne font qu'appliquer les décisions du Directoire. La faute revient à quelques dizaines, voire à une centaine de personnes.

Il faut par ailleurs prendre en compte le contexte européen. En 2007, 18 millions de véhicules étaient vendus sur l'Europe, tous constructeurs confondus. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 14 millions. La différence représente à peu près l'équivalent de la production européenne de deux constructeurs comme PSA – pour vous donner une idée de l'importance de cette mévente.

Deux établissements connaissent une situation dramatique : celui d'Aulnay, où l'on annonce 3 000 suppressions d'emplois et celui de Rennes, où l'on en annonce 1 400. Comme le faisait remarquer mon collègue, on ne parle pas suffisamment de Rennes, qui se trouve dans un bassin déjà très touché par le chômage.

La réindustrialisation de ces deux sites est d'une importance majeure. Plus on attendra, moins on pourra sauver d'emplois. Notre groupe annonce qu'il pourrait réindustraliser l'équivalent de 1 500 emplois sur Aulnay, soit la moitié des effectifs de ce site. Aujourd'hui, il faut refuser de dire qu'Aulnay fermera : Aulnay restera, mais fera peut-être autre chose. Pour ma part, je travaille dans une usine où l'on ne monte pas de voitures, mais où l'on fabrique des pièces détachées.

Je formulerai quelques propositions.

On pourrait engager un plan CASA – de cessation d'activité de salariés âgés – à l'intention des plus anciens, qui sont usés, plutôt que de chercher à faire partir des jeunes.

De nombreux véhicules, qui ne sont pas fabriqués dans les mêmes conditions que sur notre territoire, sont réintroduits en Europe. Ne pourrait-on pas faire quelque chose ? C'est une question que j'adresse aux parlementaires que vous êtes.

On pourrait, par exemple, renforcer la publicité autour du slogan « Fabriqué en France ». À mon petit niveau, je distribuerai au Salon de l'automobile, à partir du 29 septembre, 300 000 à 400 000 documents sur ce thème.

Il faudrait également que nous connaissions la stratégie à cinq ans de PSA. Jusqu'à présent, on ne nous l'a pas expliquée. Or il est important de savoir exactement où l'on va.

Enfin, pour que nos véhicules se vendent bien, nous demandons pour eux une garantie à cinq ans.

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