Intervention de Anne Valleron

Réunion du 26 septembre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Anne Valleron, représentant la CFE-CGC :

Je vous remercie de m'avoir invitée et vous précise d'emblée que l'encadrement commence aux chefs d'équipes, aux techniciens et aux contremaîtres.

Pour éviter de reprendre ce qu'ont déjà dit mes collègues, je procéderai par observations, autour des quatre thèmes qui ont déjà été abordés, à savoir : ce plan n'est pas acceptable en l'état ; il doit être renégocié ; les actionnaires sont responsables et coupables ; il faut agir, que pouvons-nous faire ?

Premièrement, ce plan n'est pas acceptable en l'état. Il ne s'agit pas d'un plan de restructuration, à l'exception de la partie industrielle dont on vous a longuement parlé. On nous propose en effet une restructuration de la production de la C3 et des véhicules du segment B. Mais pour tout le reste, il s'agit d'un plan de suppression d'emplois. Un véritable plan de restructuration supposerait qu'on ait défini une cible, qu'on la connaisse et qu'on travaille ensemble sur les moyens de l'atteindre. Or aucune cible n'a été définie.

Par ailleurs, il n'a pas été justifié en termes de nombre de suppressions d'emploi. Les cibles du point de vue de l'effectif final ne sont pas définies précisément. Les chiffres dont nous disposons sont contradictoires. Notre expert devra se pencher sur les points suivants : combien étions-nous au départ du plan ? Combien devrons-nous être à la fin ? Quelles activités peuvent être intégrées dans notre entreprise ? Si nous y travaillons tous ensemble, le nombre des suppressions d'emplois devrait diminuer.

Deuxièmement, ce plan doit être renégocié. On peut même dire que, pour le moment, il n'a pas été négocié. En effet, il a seulement été présenté dans un premier CCE, et c'est à cette occasion que l'ensemble des organisations syndicales a voté une expertise destinée à nourrir des discussions complémentaires. De fait, nous attendons le rapport du cabinet Secafi Alpha, qui portera sur l'aspect économique de la question et sur les mesures d'accompagnement des salariés.

Troisièmement, les actionnaires familiaux sont responsables et coupables. C'est du moins ce que j'ai entendu. Mais ce n'est pas moi qui leur reprocherait d'avoir maintenu 48 % de la production de véhicules et 85 % de la production des organes en France. J'ai noté qu'un autre constructeur français, dont l'État a été longuement actionnaire majoritaire, n'était pas dans la même situation. Je me garderai donc bien de jeter la pierre aux actionnaires familiaux de PSA.

Quatrièmement, il faut agir. Que pouvons-nous faire ?

Je constate que les salariés ne se sentent pas bien du tout. Ils n'ont pas de vision de ce qui va se passer demain. Tout s'écroule pour eux. Ils nous interrogent sur le plan social et sur ce qu'ils vont pouvoir faire. Sur les deux sites les plus concernés, Aulnay et Rennes, je rejoindrai mes collègues : le bassin d'emploi rennais, sur le plan industriel et automobile, est beaucoup plus restreint que celui de l'Île-de-France.

Les salariés s'intéressent aux critères d'ordre des licenciements. Or ces critères d'ordre privilégient l'ancienneté. Seront donc d'abord concernés des salariés âgés qui n'ont pas toujours bénéficié des conditions de travail que nous connaissons aujourd'hui, dont les capacités sont restreintes, et pour lesquels nous devrons imaginer ensemble des solutions – par exemple des congés de fin de carrière, prenant en compte la pénibilité.

Il faut également encourager l'achat français. Je ne pense pas que la direction du groupe, ni les actionnaires, auraient l'idée de ne pas fabriquer des véhicules qu'ils pourraient vendre. Mais pour vendre, il faut des acheteurs. Est-ce que les véhicules hybrides que l'on est en train de favoriser trouveront des acheteurs, compte tenu de leur coût ?

Sommes-nous dans un contexte d'évolution structurelle de la demande ou simplement dans un creux conjoncturel ? Est-il cohérent de se lancer dans le développement écologique et responsable si l'on continue, par ailleurs, à encourager tout et son contraire ?

Posons-nous ensemble ces questions et pensons, avant tout, aux salariés.

Nous voudrions construire des solutions pour que chaque salarié ait un point de chute. Cela devrait figurer dans le plan. Nous devrions pouvoir utiliser les accords de branche de la métallurgie et les accords d'entreprise, qui permettent des détachements temporaires. Plus généralement, il nous faudra exploiter toutes les pistes, afin d'éloigner l'épée de Damoclès qui menace chacun des salariés du groupe.

Vous pouvez faire quelque chose en réfléchissant à la pénibilité, aux moyens de freiner les importations, ou tout au moins à une contrepartie qui permettrait d'aider tous les fabricants français. Car si c'est l'automobile qui est aujourd'hui touchée, demain ce sera l'ensemble de l'industrie, comme l'a rappelé en introduction le président de la commission.

Il faut prendre le taureau par les cornes. Je souhaite que les collectivités locales, l'État, les partenaires sociaux et l'entreprise se mettent effectivement autour d'une table, non pas pour bloquer le plan, mais pour trouver des solutions aux problèmes de chaque salarié.

Bloquer le plan n'a pas de sens, si nous n'avons pas de clients pour nos voitures. Travaillons ensemble pour que nous puissions attirer plus facilement les clients, produire en France, créer de l'emploi de transition, accompagner chaque salarié du groupe, notamment les plus âgés dont nous devons prendre en compte les conditions de travail.

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