Intervention de Thierry Benoit

Réunion du 26 septembre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Comme l'ensemble de mes collègues, j'apprécie cette audition et souhaiterais saluer les interventions des différents représentants syndicaux qui se sont exprimés avec lucidité et clairvoyance.

Je reprendrai l'expression de M. Serge Maffi du « trop de mesures et trop vite ». Je ne suis pas un expert en stratégie industrielle automobile. Cependant, ma circonscription est située en Ille-et-Vilaine, département qui vit au rythme de notre industrie automobile depuis une cinquantaine d'années. Depuis trop longtemps déjà, nous vivions dans la crainte de ces annonces de refondation, de redimensionnement et de restructuration.

Je m'étonne que l'un des représentants syndicaux ici présent ait indiqué que M. Emmanuel Sartorius n'était pas un expert. J'ai, pour ma part, pris le temps de lire tout son rapport et de m'en faire faire une synthèse afin de comprendre son propos. Je m'exprime donc à partir de la lecture de ce qui nous a été présenté comme un rapport d'expert, du dialogue que nous avons eu avec Philippe Varin en juillet et de vos propos, messieurs.

La compétitivité ne relève pas d'un problème de qualité des salariés de l'industrie. Les problèmes de compétitivité existent réellement : c'est pourquoi la mission d'information qui a tenu sa réunion constitutive hier nous éclairera sur les coûts de production en France, notamment sur ceux de l'industrie. M. Philippe Varin nous a expliqué au mois de juillet que 58 % des achats de matières premières servant à construire une automobile proviennent de France. Il estime donc avoir un problème de compétitivité – étant donné le moindre coût des pièces provenant d'Europe de l'Est, de Chine ou d'autres continents. Dans son rapport, Emmanuel Sartorius explique que le marché mondial est représenté à 48 % par la Chine, l'Europe n'en constituant plus que 26 %. Or notre continent représente le premier client du groupe PSA, dont les difficultés peuvent par conséquent s'expliquer par la diminution du nombre de véhicules Europe – de 16 millions en 2007 à 13 millions en 2011. Par ailleurs, le rapport Sartorius évoque la Corée : le traité de libre-échange en vigueur depuis juillet 2011 est tel que l'Europe importe six fois plus de véhicules qu'elle n'en exporte.

Dans son rapport, Emmanuel Sartorius indique que la situation financière du groupe PSA est globalement bonne. Certes, il met en lumière des irrégularités concernant certaines affectations de dividendes, mais tout en précisant que cela fait partie de la pratique habituelle des grands groupes.

Quant au marché européen, le rapport Sartorius indique qu'il arrive à saturation. Il convient donc de trouver des pistes de réindustrialisation de l'ensemble des sites concernés.

Le dialogue doit se poursuivre avec Philippe Varin et le groupe PSA afin de réindustrialiser les sites concernés. En effet, un Français sur dix a un emploi lié à l'automobile.

Au lieu d'avancer le départ à la retraite de ceux qui ont commencé à travailler à un âge donné, je souhaiterais que, dans le cadre de la refonte d'une filière aussi importante que l'automobile, le Gouvernement travaille avec le groupe à l'élaboration de dispositions spécifiques de départ à la retraite ou en préretraite de manière accompagnée et anticipée, indépendamment du dispositif-cadre de retraites existant actuellement.

Enfin, dans la mesure où cette activité industrielle automobile est ancrée dans nos territoires, l'État — en particulier le préfet de région — et les collectivités territoriales doivent coordonner localement la stratégie de toute la filière, en y incluant les équipementiers et les fournisseurs, afin de réaffirmer que la réindustrialisation est une priorité sur les sites concernés.

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