Intervention de Jean-Pierre Mercier

Réunion du 26 septembre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Jean-Pierre Mercier, représentant la CGT :

Alors que MM. Baroin et Fillon déclaraient à l'Assemblée nationale que M. Varin leur avait assuré qu'il n'y aurait pas de fermetures d'usines en France ni de licenciements, et que le PDG lui-même nous l'affirmait, la CGT publiait le document secret, mais personne, à droite comme à gauche, ne nous a crus. Pendant 13 mois, les salariés se sont mobilisés d'une manière responsable, sans faire brûler un seul pneu, pour faire connaître le dossier de PSA. Nous savions, car le document secret l'indiquait noir sur blanc, que l'annonce n'interviendrait qu'après les élections présidentielles et législatives. En janvier 2013, on passera de deux équipes à une seule à l'usine d'Aulnay et la production sera transférée à Poissy, puis fermeture totale en 2014 : tout cela est écrit dans ce document – qui est une véritable Bible. Pourquoi personne ne nous a-t-il crus ? Vous avez désormais un passif à rattraper vis-à-vis des salariés et des organisations syndicales.

Les employeurs de l'automobile reçoivent, depuis des années, cadeau sur cadeau. Bilan : on dépasse les trois millions de chômeurs et 20 000 postes ont été supprimés en France par PSA en six ans sans plan social ; l'entreprise passe désormais à la vitesse supérieure en procédant à des licenciements. Voilà le résultat de toutes les aides publiques déversées à fonds perdus dans les caisses d'une entreprise à 100 % privée.

Quant au plan automobile annoncé le 25 juillet par M. Arnaud Montebourg, je n'en pense que du mal car, au moment même où Philippe Varin recevait 3 milliards, en 2009, en assurant, la main sur le coeur, qu'il ne fermerait pas d'usines en France, ses équipes travaillaient sur la fermeture des usines d'Aulnay. Ce plan, ce sont encore des centaines de millions d'euros d'aide publique versés sans contrepartie en termes de garanties pour l'emploi. Pourquoi continuer ainsi ?

Pour ce qui est des résultats financiers de Peugeot, le résultat opérationnel courant est, selon les chiffres de la direction et contre toute attente, excédentaire de 4 millions d'euros : la famille Peugeot gagne tellement d'argent qu'elle n'a même pas réussi à rendre ce résultat déficitaire ! Les pouvoirs publics vont-ils accepter le versement du dividende exceptionnel de 100 millions d'euros que demande la famille Peugeot à l'occasion de la vente de Gefco, qui doit rapporter 800 millions d'euros ? La réaction du tribunal de grande instance, saisi par la CGT, confirme que la justice n'est pas du côté des salariés. Ceux-ci ne peuvent compter que sur leur propre mobilisation.

À Rennes, la direction de Peugeot n'a absolument rien – pas même de la poudre aux yeux – à proposer aux 1 400 futurs licenciés. Ce sera un massacre.

Pour Aulnay, Peugeot se rendra à la réunion tripartite pour évoquer la réindustrialisation – c'est-à-dire pour savoir combien lui donnera l'État pour licencier et fermer l'usine. Il n'est pas question que nos impôts servent à nous licencier. Nous ne sommes pas fous et savons bien ce qu'il est advenu des filles de Moulinex ou de Lu !

Si les pouvoirs publics sont capables, pour des raisons politiques, d'interdire à Peugeot de vendre des voitures en Iran – c'est-à-dire de renoncer à vendre 450 000 véhicules par an –, pourquoi ne pourraient-ils pas lui imposer de suspendre le plan de licenciement et de prendre le temps de négocier pour trouver une solution ? Si l'État manque de courage politique pour affronter la famille Peugeot, certes très riche et très puissante, nous, les salariés, aurons ce courage et nous efforcerons de la faire reculer. Ce qui nous permettra d'imposer notre ordre du jour et nos revendications aux réunions tripartites, c'est la mobilisation.

Les pouvoirs publics ont une responsabilité politique énorme, car Renault a déjà annoncé que, si Peugeot fermait une usine, Renault en fermerait une aussi – à Flins ou à Sandouville –, ce qui entraînerait des licenciements en cascade chez les sous-traitants et les fournisseurs.

Il faut cesser de donner des aides publiques à fonds perdus sans demander la moindre garantie écrite. Il faut aussi avoir le courage politique d'affronter les patrons. Pour nous, la seule issue est la mobilisation la plus large possible. Nous nous adresserons aux salariés de Sanofi, à Air France et à tous ceux qui connaissent aujourd'hui des plans de licenciement, pour faire reculer Peugeot le plus loin possible et faire bouger le plus possible le Gouvernement et les pouvoirs publics.

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