Nous devons tous – parlementaires, organisations syndicales et direction de l'entreprise – nous retrousser les manches pour que personne ne soit sans emploi. Les surcapacités sont avérées et, si leur ampleur reste à préciser – 8 000 personnes ? 5 000 ? –on sait déjà qu'il y aura des salariés à recaser. Ce serait tromper les gens que d'affirmer le contraire.
PSA a été, à la fin des années 80, le premier constructeur mondial de véhicules électriques, même s'il n'en a pas construit plus de 10 000 – l'entreprise a abandonné cette voie, car la capacité de stockage des batteries était insuffisante. On trouve sur le marché des véhicules électriques – j'espère que vous en avez tous déjà essayé un –, qui ont certes des avantages, mais exclusivement en milieu urbain. Le véhicule électrique ne peut être une perspective intéressante qu'au-delà du court ou moyen terme, lorsque la capacité de stockage des batteries aura progressé pour permettre une utilisation comparable à celle des véhicules à essence ou diesel.
Renault reporte le lancement de son véhicule électrique, car un tel véhicule, très intéressant à l'utilisation, est actuellement d'un coût inaccessible. En France comme dans d'autres pays qui travaillent à la mise au point de cette technologie, la capacité des batteries est le handicap majeur.
Lors d'une présentation faite au comité stratégique de l'entreprise, il nous a été indiqué que si tous les véhicules français devaient passer demain à l'énergie électrique, il faudrait, pour les recharger, construire plus de dix centrales nucléaires.
PSA est leader pour le diesel, mais je ne pense pas que les véhicules étrangers qui inondent le marché français fonctionnent à l'essence. Gardons-nous de faire un faux procès au diesel moderne, qui représente une filière majeure. Ainsi, le site de Trémery, où je travaille, emploie 4 000 salariés exclusivement dédiés au diesel – à l'exception d'un petit moteur à essence de 3 cylindres très prometteur et entièrement fabriqué en France. Si nous voulons que les reconversions soient possibles, ne tirons pas sur le diesel.
Quant aux véhicules low cost, aucun n'est encore fabriqué en France. Du reste, il faut veiller à ce que le low cost ne cannibalise pas le reste de la production. En situation de paupérisation, la population, dont le pouvoir d'achat est en berne, peut se permettre une petite montée en gamme, en achetant par exemple des véhicules de la gamme DS, mais cela peut se faire au détriment d'autres véhicules et il importe d'être très attentifs à cette politique.
Des erreurs ont été commises et peut-être les gammes DS arrivent-elles trop tard. PSA était présent en Chine avant VAG, mais pour y proposer une ZX dont on ne voulait plus en France et que l'on a dotée d'une protubérance arrière en pensant que cela suffirait bien pour les Chinois, moyennant quoi il nous faut aujourd'hui rattraper le temps perdu par rapport à VAG, qui est désormais bien implanté en Chine et peut réinjecter en Europe, à notre désavantage, une partie des profits qu'il y réalise.